O solitude!

Loin d'une fatalité, la solitude, pour se ressourcer, vivre éveillé et s'ouvrir à l'amour / ©iStock/KatarzynaBialasiewicz
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Loin d'une fatalité, la solitude, pour se ressourcer, vivre éveillé et s'ouvrir à l'amour
©iStock/KatarzynaBialasiewicz

O solitude!

Sylvie Keuffer, diacre
27 mai 2021
Vulnérabilité
Ces derniers mois, la détresse psychique engendrée par les mesures sanitaires imposées par la pandémie que nous traversons a éclaté au grand jour.

Une détresse provoquée par l’isolement et le manque d’interactions qui concer ne notamment les jeunes, malgré l’abondance des réseaux sociaux, les aînés longtemps privés de leurs proches et de nombreuses personnes de tout âge parmi les plus vulnérables de notre société.

Il est vrai que le port du masque qui cache nos visages et parfois nos sourires, ainsi que la distanciation sociale ne facilitent pas les contacts et la rencontre.

Ils nous ont très vite rendus méfiants les uns envers les autres, alors que c’est d’abord d’un virus dont nous devons nous protéger.

L’an dernier, lorsque nous avons entrouvert la porte du lieu d’accueil de l’Ancre pour un temps de café et d’écoute après quelques semaines de fermeture, des usagers ont témoigné de la dégradation de leur santé mentale liée à leur isolement. Car si pour certains «l’enfer, c’est les autres», et malheureusement c’est parfois vrai, nous sommes avant tout des êtres de relations, nous avons besoin d’être reliés les un·e·s aux autres pour nous sentir reconnu·e·s et nous garder vivant·e·s. Il est donc urgent de nous engager pour restaurer ou recréer ces liens qui contribuent à notre bien-être.

L’une des clés de cet engagement est l’attention, «l’autre nom de l’amour» comme l’a définie Rosette Poletti dans un petit livre éclairant (Gollion, éd. La Source Vive, 2015). Il suffit parfois d’un regard bienveillant pour que l’autre, ou soi-même, se sente exister, de même qu’un simple bonjour est capable d’illuminer une journée.

A l’aumônerie de rue, à l’accueil de Prilly comme dans les autres lieux d’accueil, la relation est le cœur et la raison d’être de notre mission: écoute, disponibilité et présence pour l’autre représentent l’essentiel de notre travail. Et pour nous les professionnels comme pour les bénéficiaires, cette humanité partagée qui se vit dans la simplicité d’une rencontre est fondamentale.

En ce mois où nous vivons le dimanche des réfugiés, nous sommes aussi interpellés par la détresse psychique des réfugiés, qui, séparés de leurs proches, s’inquiètent constamment de savoir ce qu’ils sont devenus. Cette séparation inhumaine rend l’intégration plus difficile: vivre ensemble est un droit, pour les familles des réfugiés aussi. C’est pourquoi nous pouvons nous engager à faciliter l’accès au regroupement familial et supprimer les restrictions.

Pour garder le cap et tenir le coup dans ces engagements exigeants, l’exemple de Jésus de Nazareth, ce grand maître en relation qui nous humanise en transformant notre façon d’être les uns avec les autres nous inspire. Il nous appelle à vivre éveillé, ouvert et réellement présent à l’amour, pour que la solitude, telle qu’elle est chantée dans la célèbre pièce d’Henry Purcell, puisse se vivre comme un choix ressourçant et non plus seulement comme une fatalité mortifère.