Une délégation évangélique américaine rencontre le prince héritier d'Arabie saoudite

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Une délégation évangélique américaine rencontre le prince héritier d'Arabie saoudite

Emily McFarlan Miller
13 novembre 2018
Début novembre, plusieurs responsables évangéliques ont rencontré Mohammed Ben Salman en Arabie saoudite. Cette entrevue intervient un mois après la mort du journaliste Jamal Khashoggi.

Une délégation de dirigeants chrétiens évangéliques conservateurs des États-Unis a rencontré jeudi 1er novembre Mohammed Ben Salman, le prince héritier d'Arabie saoudite, qui est sur la sellette après la mort d'un journaliste dans le consulat de son pays à Istanbul. La délégation a rencontré le dirigeant au Palais-Royal de Riyad pour parler de sa vision du royaume et de la région. Une première pour un groupe d'évangéliques américains, selon un communiqué de presse d'A. Larry Ross Communications.

Cette rencontre intervient un mois après la mort du journaliste au Washington Post, Jamal Khashoggi. L'Arabie saoudite a finalement reconnu sa responsabilité après avoir d'abord nié être au courant de la disparition du chroniqueur, puis rejeté la faute sur des agents de renseignements malhonnêtes. Jamal Khashoggi a disparu le 2 octobre. Il s’était rendu au consulat d'Istanbul pour obtenir les documents dont il avait besoin pour épouser sa fiancée turque. Le gouvernement saoudien a publiquement qualifié sa mort de «terrible tragédie».

Mais des questions subsistent. Et plus récemment, le Washington Post a rapporté que Mohammed Ben Salman avait affirmé lors d'un appel téléphonique avec des responsables américains que Jamal Khashoggi était dangereux et faisait partie des Frères musulmans, ce que la famille du journaliste nie. Le prince héritier aurait également exhorté les conseillers du président Trump, Jared Kushner et John Bolton, à préserver l'alliance entre les États-Unis et l'Arabie saoudite.

Aller en Arabie saoudite malgré tout

«Beaucoup de personnes disent que ce n'est pas le bon moment pour aller en Arabie saoudite et rencontrer les dirigeants de ce pays. Je comprends cette critique, mais je ne suis pas d'accord», a affirmé l'auteur Joel Rosenberg à Christian Broadcasting Network (CBN). Joel Rosenberg a écrit, fin août pour Fox news, un article d'opinion louant Mohammed Ben Salman pour ses efforts réformateurs. C’est cet auteur qui a guidé, en Arabie saoudite, la délégation comprenant de responsables de médias chrétiens et plusieurs conseillers évangéliques non officiels de Trump.

Le groupe a décidé de rencontrer le prince malgré la controverse qui l'entoure parce que, selon leur déclaration, «le Royaume d'Arabie saoudite fait partie des nations les plus riches, les plus puissantes et les plus importantes du Moyen-Orient de toute l'histoire». C'est aussi «le poumon du monde arabe et islamique» qui influence la théologie musulmane dans le monde entier. «Bien que le Royaume soit restrictif et controversé à divers égards, il a commencé à faire l'objet de réformes sous l'égide du Prince héritier qui a également affirmé un désir de changer en profondeur», peut-on lire dans la déclaration.

Une visite organisée avant la mort du journaliste

L'invitation avait été adressée au groupe évangélique américain il y a plus de deux mois, selon la déclaration. La délégation comprenait Michael Little, ancien chef de CBN, Wayne Pederson et Jerry Johnson, anciens et actuels présidents de National Religious Broadcasters, et Larry Ross, fondateur de A. Larry Ross Communications.

Dans ce groupe, on comptait aussi l'ancienne républicaine américaine Michele Bachmann et Johnnie Moore, présidente du Congrès des dirigeants chrétiens et commissaire à la Commission américaine sur la liberté religieuse internationale. Toutes deux étaient membres du conseil consultatif évangélique de la campagne Trump, qui n'existe plus à titre officiel. Également présents: Mike Evans, fondateur de l'équipe de prières de Jérusalem, et le pasteur Skip Heitzig de l’Église du Calvaire à Albuquerque au Nouveau-Mexique, qui a participé à plusieurs événements de la Maison-Blanche pour les évangéliques.

Jerry Johnson a déclaré à CBN News que la délégation n'était pas là en tant que représentante des États-Unis, mais en tant «qu’ambassadrice du Christ». De plus, une déclaration de la délégation datant du jeudi 1er novembre disait: «En tant qu'évangéliques, c'est notre désir de mettre en avant le nom de Jésus chaque fois qu'on nous le demande et où que nous allions.»

Plus tôt dans la semaine, les Américains ont assisté à une réunion avec Mohammed Ben Zayed Al Nahyan, le prince héritier d'Abou Dhabi, ainsi qu'avec des dirigeants chrétiens et musulmans aux Émirats arabes unis. La délégation aux Émirats arabes unis comprenait également Tony Perkins, président du Family Research Council et commissaire de la Commission américaine sur la liberté religieuse internationale, et Kay Arthur, fondateur de Precepts Ministries International. 

Emily McFarlan Miller, RNS/Protestinter