La spiritualité, ressource des seniors durant la pandémie

La spiritualité, ressource des seniors durant la pandémie / ©iStock
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La spiritualité, ressource des seniors durant la pandémie
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La spiritualité, ressource des seniors durant la pandémie

Bénévolat
Une recherche menée à l’UniL se penche sur la manière dont les personnes âgées romandes ont vécu la crise liée au coronavirus. La spiritualité est l’une des dimensions étudiées.

A l’origine, une équipe de la Faculté de théologie et de sciences des religions de Lausanne se penchait sur la qualité de vie et le bien-être des personnes de plus de 65 ans. L’idée était notamment de comparer deux groupes de population: les bénévoles dans les associations sociocaritatives et dans les communautés religieuses, ainsi que les personnes bénéficiaires d’aide et de soins à domicile. Et puis le Covid est arrivé. L’équipe de sociologues et de psychologues, dirigée par le professeur Pierre-Yves Brandt (UniL) et le docteur Etienne Rochat (Chuv), a intégré la pandémie à son travail.

Entre l’automne 2020 et l’été 2021, les chercheurs ont élaboré des questionnaires spécifiques: au total, 600 réponses recueillies auprès de bénéficiaires d’aide à domicile et environ le même nombre de la part de bénévoles, dans le canton de Vaud. Une quarantaine d’entretiens directs dans chaque groupe ont complété ces données.

Quelles découvertes?

La pandémie n’a pas occasionné de crise spirituelle chez les seniors. Mais la spiritualité, toutes confessions confondues, a été déterminante, notamment pour les personnes aidées à domicile. «Pour 60% d’entre elles, la religion est une ressource importante dans les moments difficiles de l’existence», pointe la sociologue Laeticia Stauffer, l’une des trois chargées de recherche.

Pour 70 à 80% des personnes interrogées, l’impossibilité de voir ses amis, sa famille et de pratiquer certains loisirs a représenté un manque important. Mais seul 20% ont ressenti un manque lié à la fermeture des lieux de culte et à la distance avec leur communauté. Preuve que spiritualité n’est pas synonyme de vie religieuse communautaire à un certain âge? «Il est trop tôt pour interpréter ces résultats de manière définitive», estime Laeticia Stauffer.

Elle pointe plutôt l’«agentivité», c’est-à-dire la créativité dont les personnes ont fait preuve pour maintenir une autonomie ou d’autres types de liens, y compris en matière spirituelle.

Les cultes en ligne ont été peu suivis par les seniors, bien que ceux-ci utilisent activement leur téléphone pour maintenir le lien avec leurs proches. Si les plus de 65 ans ont été privés d’aller à l’église (où les restrictions sanitaires ont été strictement respectées) ou d’exercer leur activité bénévole, «certains ont continué à voir des gens, faisant ainsi primer une éthique relationnelle par rapport aux règles sanitaires. D’autres ont maintenu des groupes de rencontre comptant des personnes appartenant à leur communauté religieuse». D’autres encore, qui se croisaient par exemple à la mosquée pour la prière, ont transféré leurs rencontres régulières sur Zoom. «Et ces réseaux à vocation plutôt religieuse se sont transformés en réseaux de solidarité sociale.»

Ces réseaux à vocation plutôt religieuse se sont transformés en réseaux de solidarité sociale.

Reconfigurations révélatrices

Si ces reconfigurations de liens sociaux demandent encore à être interprétées, Laeticia Stauffer souligne que toutes ne sont pas des innovations: «Qu’il s’agisse d’un renforcement de l’isolement social pour certains ou de continuité ou transformation des liens pour d’autres, la crise est aussi venue révéler des éléments déjà installés.»

La recherche en bref

L’étude «Spiritual needs among elderly people receiving homecare in Covid times» [ndlr: «Les besoins spirituels chez les personnes âgées bénéficiant d'aide et de soins à domicile en temps de pandémie»] se terminera officiellement le 31 décembre.

Les résultats seront ensuite interprétés et analysés. Ils feront l’objet de publications spécialisées, mais, pour le grand public, c’est en 2023 que devrait paraître un ouvrage complet.

Laeticia Stauffer

 

Laeticia Stauffer, chargée de recherche, Institut de sciences sociales des religions (UniL).