Touche pas à mon pasteur!

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Touche pas à mon pasteur!

30 mars 2000
Les germanophones de l'est vaudois se rebiffent contre la décision de l'Eglise protestante de supprimer un poste de pasteur
Ils créent une fondation qui prendra en charge le salaire de leur ministre. Les trois paroisses de langue allemande de l'est vaudois n'apprécient pas le sort que leur réserve le plan de restructuration de L'Eglise vaudoise, "Eglise à venir". Dès le 1er juillet prochain, les paroisses de Vevey, Montreux, et Aigle-Pays d'Enhaut seront réunies avec un pasteur à 80%, alors qu'ils sont actuellement deux à plein temps. Inacceptable pour les 4000 germanophones protestants répartis sur le vaste territoire s'étendant de Cully à Rougemont. Pour continuer de servir efficacement autant de monde, une solution originale est en train de se faire jour: une fondation chargée de financer le poste de pasteur supprimé dans le cadre d'"Eglise à venir".

A peine lancée, l'initiative séduit. Plusieurs versements substantiels ont été enregistrés et les promesses de dons affluent: "Nous avons déjà réuni une bonne base de départ", se réjouit Sylvia Santschi, Présidente de la Communauté des paroisses de langue allemande du canton de Vaud.

§Stratégie financièrePour assurer ce salaire à l'année, la fondation envisage une campagne de sensibilisation Outre-Sarine et en Allemagne: "Nous sommes en liens étroits avec les Eglises alémaniques, relève Peter Keizer, pasteur à Montreux. Notamment celle de Berne qui pourrait nous venir en aide. Nous comptons aussi sur un geste des Eglises d'Allemagne qui ont pris connaissance de notre situation par le biais des touristes et retraités allemands en villégiature sur la Riviera vaudoise".

Du côté des autorités ecclésiastiques, on réserve bon accueil à la fondation. Le pasteur "surnuméraire" restera intégré au corps pastoral vaudois. Toutefois, le dialogue n'est pas toujours facile: "Au début, nous avions l'impression qu'ils voulaient créer une Eglise libre, commente Pierre-André Schütz, membre du Conseil synodal. Aujourd'hui, nos doutes sont levés. Il s'agit bien d'une fondation qui soutient la paroisse sans se substituer à elle".

Outre cette fondation, la communauté germanophone va donner de nouveaux statuts aux associations propriétaires des lieux de culte. Car la fusion des trois paroisses a créé une équivoque. En l'état, chaque paroisse de langue allemande est propriétaire des Eglises et bâtiment religieux situés sur son territoire. Mais qu'advient-il dès lors qu'elles fusionnent en une seule entité? Et de craindre que quelqu'un ne profite de la confusion pour mettre la main sur ce patrimoine immobilier. L'association dotée de nouveaux statuts devrait permettre d'éviter tout malentendu juridique.

§MalaiseReste qu'il y a malaise entre les germanophones de l'est vaudois et les autorités de l'Eglise: "Dans le fond, nous ne comprenons toujours pas le pourquoi de la fusion des trois paroisses et de la réduction des postes", s'étonne Peter Keizer. En haut lieu, on met en avant un savant calcul entre le nombre de communes, le nombre de protestants et une analyse des activités de la paroisse. Le traitement est-il pour autant équitable?: " Du fait de la configuration particulière du territoire, avec les montagnes et de la densité de germanophones plus élevée qu'ailleurs, nous sommes tout de même les plus durement touchés, déplore Sylvia Santschi. D'autant que notre petite Eglise accueille aussi les Hollandais, anglophones et catholiques allemands qui ne parlent pas français ou préfèrent suivre les cultes dans leur langue maternelle". Un handicap comblé par la solidarité d'une minorité linguistique "qui doit nécessairement s'engager pour subsister", conclut Peter Keizer.