ONU : Les Eglises entrent en campagne

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ONU : Les Eglises entrent en campagne

18 janvier 2002
Les Eglises nationales s’engagent dans la campagne pour l’adhésion de la Suisse aux Nationales Unies
D’une même plume, la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) et la Conférence des évêques viennent de publier une brochure expliquant les raisons de leur oui. Un soutien pour le Conseil fédéral qui vient après celui des partis politiques, à l’exception de l’UDC blochérienne. Eclairage. « L’ONU est certes imparfaite. Elle n’est ni meilleure, ni pire que le monde lui-même. Mais elle est la seule plate-forme permettant de travailler ensemble à des améliorations. » Catholiques et protestants suisses soutiennent le Conseil fédéral dans sa campagne pour l’adhésion aux Nations Unies. « Parce que même si les valeurs des Nations Unies et celles des Eglises ne sont pas exactement identiques, elles se ressemblent : servir la vie des hommes, la justice et la paix », explique Thomas Wipf, chancelier de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS).

Même si la situation œcuménique n’est pas toujours facile, les deux grandes communautés chrétiennes tiennent un même discours. « Sur les questions sociales de fond, nous sommes souvent d’accord. » Et la divergence sur l’avortement ? « Il s’agit là avant tout d’un problème l’éthique personnelle. »

Quoiqu'il en soit, avec cette initiative, la FEPS poursuit ce qui peut s'apparenter à une nouvelle politique de communication. Autrefois, les prises de position éthiques étaient laissées à l’Institut ou aux œuvres sociales. Désormais, c’est le conseil de la Fédération lui-même qui se prononce. « Cela facilite sans doute l’identification des croyants puisque l’avis vient du cœur de l’Eglise, reconnaît Hans-Balz Peter, directeur de l’Institut d’éthique sociale. En revanche, lorsque il y a des divergences de vue, les réactions sont plus virulentes: on se sent comme trahi par son Eglise. »

§Ne pas rester à l’écartBien des arguments développés par l’Institut d’éthique réformé et la Commission Justice et Paix catholique rejoignent ceux du gouvernement fédéral. Un « oui » le 3 mars prochain permettrait à notre pays de sortir d’un certain isolement sur la scène mondiale : « Elle pourrait à nouveau faire valoir ses compétences et son identité dans la communauté internationale. » Si l’ONU n’est pas parvenue à mondialiser les valeurs, elle demeure le forum où s’élaborent visions et idéaux communs. Une recherche du bien commun dans laquelle la vieille tradition démocratique de la Confédération pourrait apporter une contribution positive.

La neutralité ? Nous avons déjà participé à toutes les sanctions économiques ordonnées par le Conseil de sécurité depuis 1990. « La Suisse ne peut rester à l’écart lorsque des sanctions sont décidées à l’encontre d’un Etat quand la paix est menacée ou les droits humains massivement violés. » Enfin, rappellent les auteurs, on ne peut plus voir dans les Nations Unis l’organisation des vainqueurs comme au lendemain de la seconde Guerre mondiale.

§Une contribution à la paixRien n’a-t-il changé depuis 1986 et la dernière votation sur le sujet ? Faux, répondent en chœur les Eglises. Le Conseil de sécurité a retrouvé du panache depuis la guerre froide et la mondialisation s’est ouverte à une dimension éthique ; il a notamment été fortement sollicité pour des opérations de maintien de la paix. Durant la même période, la Suisse s’est affaiblie, perdant peu à peu la considération que lui apportait sa longue période de neutralité. Bref, « la Suisse elle-même est une petite communauté internationale : quatre langues, cultures et diverses religions. Son expérience lui permettrait de contribuer à la tâche de l’ONU, qui est de développer la communauté internationale universelle pour une coexistence plus pacifique, plus juste et plus durable. Ne devons-nous par cette contribution au monde ? » Une question à laquelle chaque chrétien est donc invité à répondre avant de glisser son bulletin dans l’urne. Surtout de l’autre côté de la Sarine où l’on sait la population moins favorable à une adhésion.

§UTILE

Brochure « Les Eglises et l’ONU », disponibles dans les trois langues nationales auprès de l’Institut d’éthique sociale, 021/323.64.65