La Légion d’honneur à une pasteure française: Claudette Marquet, productrice de Présence Protestante à France 2

légende / crédit photo
i
[pas de légende]

La Légion d’honneur à une pasteure française: Claudette Marquet, productrice de Présence Protestante à France 2

15 février 2002
Productrice des émissions de télévision « Présence protestante » sur France 2, Claudette Marquet, pasteure formée à la Faculté de théologie de Genève, ne s’adresse pas seulement à la minorité protestante française, - un petit million de gens -, mais à un public plus large, éloigné des clochers d’église
Le ruban de chevalier de la Légion d’honneur vient de lui être décerné pour sa façon de faire rayonner la pensée protestante. Portrait d’une théologienne qu’habite le besoin de communiquer.

§(Photo de Claudette Marquet à disposition à la rédaction)

Claudette Marquet déboule de son bureau de la Fédération protestante de France, installée dans un immeuble cossu de la rue de Clichy à deux pas de Montmartre. Les yeux pétillants, la parole enjouée qui met à l'aise, elle est à l’évidence une femme de communication. « La nécessité impérieuse de transmettre m’a toujours habitée ! » explique-t-elle. Une seconde vocation en quelque sorte pour cette fille de père catholique, élevée dans la confession de sa mère, protestante cévenole.

§Pigiste à GenèveC’est en faisant des piges pour le quotidien La Suisse, parallèlement à ses études à la Faculté de théologie de Genève que la jeune Avignonnaise découvre son goût pour la communication. A peine ses études achevées, elle se voit confier la rédaction du bulletin en langue française du Service œcuménique de presse et d’information du Conseil oecuménique des Eglises (COE) à Genève. Elle a 26 ans, elle s’ouvre au monde, vit l’âge d’or du Conseil œcuménique des Eglises et partage l’utopie de l’ union de tous les chrétiens dans une chaleureuse fraternité. Elle travaille ensuite sur le terrain comme pasteure au Havre, puis à Versailles, enfin en Côte d’Ivoire. En 1990, elle est nommée productrice à France 2 pour les émissions protestantes, une demi-heure dominicale. Elle cherche à toucher un public généraliste et aborde des sujets de société d’actualité très divers. « Rien de ce qui est humain n’est étranger aux protestants » se plaît-elle à rappeler.

§L’union du cheval et de l’alouette Elle établit avec ses collègues catholiques un climat de confiance et de connivence. Les deux communautés mettent en commun une fois par mois leur temps d’antenne pour aborder des questions de société. La demi-heure protestante et l’heure et demie catholique dominicale mise bout à bout, cela donne une émission qui a de l’envergure, Agapé. Elle compare cette collaboration à l’union du cheval et de l’alouette, celle-ci figurant la minorité des protestants, soit un modeste 2 % de la population française. Sur le plateau d’Agapé, on débat de la question de mourir au nom de Dieu, on cherche à analyser l’après 11 septembre.

Le défi de Claudette Marquet: un dimanche par mois, elle conçoit une émission biblique, « Paraboles », destinée aux gens qui n’ont jamais ouvert la Bible. Un extrait du Livre est lu par des comédiens célèbres, Jean Piat, Coline Serreau et bien d’autres, qui travaillent pour un cachet symbolique. Suit une séquence de reportage qui reprend et illustre le texte dans des exemples de la vie d’aujourd’hui : Ainsi a-t-elle diffusé, à la suite d’une lecture, un documentaire sur des handicapés mentaux, un portrait de Van Gogh évangéliste et d’une pasteure de banlieue ; suivra bientôt une enquête sur l’homosexualité dans les Eglises.

Claudette Marquet est très attachée à la liberté de pensée des protestants, « au risque de se tromper » et au rapport direct à Dieu qu’ils entretiennent et qui exige une attitude responsable face à soi et aux autres. Une foi d’enfant et une conviction indéracinable l’habitent. « Je n’arrive pas vraiment à ne pas croire. J’ai des révoltes et des doutes mais Dieu me rattrape toujours au tournant. Je doute que Dieu ait créé le monde comme nous le raconte la Genèse, mais je suis sûre qu’il a envie d’un monde ou le loup et l’agneau pourront habiter ensemble et qu’il œuvre en nous dans ce sens ». Une profession de foi que Claudette Marquet dit devoir à tous ceux, huguenots et réformés, qui l’ont précédée.