Apprendre à régler les conflits sans violence

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Apprendre à régler les conflits sans violence

Laurence Villoz
20 septembre 2012
Le Centre pour l’action non-violente (CENAC) propose une formation à la résolution non-violente des conflits, à Lausanne. Dès fin septembre, des cours ouverts à tous offrent des outils pour construire des relations plus justes et plus équilibrées. La forme a changé, mais la philosophie prônée par Gandhi reste.




« L’enjeu de la formation est d’apprendre à utiliser le conflit comme une occasion d’améliorer la relation », explique Nicolas Morel, secrétaire général du Centre. Il ajoute que « la base de la résolution non-violente des conflits est le respect de soi-même, c’est-à-dire oser dire non et s’ouvrir au dialogue ».

Cette formation se focalise sur des problèmes de violence psychologique qui peuvent apparaître au sein d’un couple, d’une famille ou au travail. La complexité de la violence psychologique est qu’elle apparaît souvent de façon insidieuse. Insulte, menace, harcèlement moral et manipulation sont quelques formes qu’elle peut revêtir sans pour autant que ceux qui la subissent ou l’infligent en soient conscients.

Ainsi, pour comprendre le mécanisme propre à chaque situation conflictuelle, les cours se déroulent sous forme d’ateliers d’expérimentation. « A travers des jeux de rôle et des travaux en groupe, les situations conflictuelles vécues par chaque participant sont étudiées et rejouées », décrit le secrétaire général qui explique que « cette démarche permet aux participants de prendre de la distance et d’imaginer des solutions pour faire du conflit un échange constructif ».

Pour enseignants ou cadres

Les cours ont lieu environ un samedi par mois et se destinent à toutes les personnes intéressées par l’action non-violente. Par exemple un enseignant qui doit faire face à la violence verbale entre ses élèves, des parents qui cherchent des pistes concrètes pour accompagner leur enfant ou des cadres qui veulent améliorer leurs méthodes de communication en équipe.

Désireux d’offrir une présence non-violente dans la société, le CENAC va redoubler ses efforts pour informer le public en 2013. « Car malheureusement, cette formation ne touche pas toujours les personnes qui en auraient le plus besoin », révèle Nicolas Morel qui explique que « les personnes qui infligent la violence psychologique sont peu présentes au cours ».

Bien que ces cours proposent essentiellement des outils pour mieux communiquer, ils sont dans la ligne directe du mouvement non-violent prôné par Gandhi. « La forme a changé mais le concept de non-violence reste le même », affirme Nicolas Morel qui précise qu’« il faut tout de même différencier une action non-violente, qui est un moyen d’agir comme ceux proposés dans les cours, et la non-violence au sens large qui est une philosophie popularisée par Gandhi ».

D'Occupy aux Indignés

Néanmoins, la philosophie de la non-violence se retrouve encore aujourd’hui. Par exemple chez des mouvements pacifistes comme Occupy, un mouvement international qui milite contre les inégalités sociales ou les Indignés, un mouvement espagnol né en mai 2011 qui revendique un changement politique.

Contrairement à ces groupes non-violents qui militent, le CENAC s’est spécialisé dans la formation, la documentation et la diffusion. Cela n’a pas toujours été le cas. Créé en 1968 sous le nom de Centre Martin Luther King, le Centre militait essentiellement pour les objecteurs de conscience, toutes personnes refusant de faire le service militaire pour des raisons politiques, éthiques ou religieuses.

Dès 1996, les objecteurs de conscience ont eu la possibilité d’accomplir le service civil d’une durée une fois et demie supérieure que le service militaire. Si le Centre, devenu Centre pour l’action non-violente (CENAC) en 2004, ne milite plus aujourd’hui, c’est parce qu’« il s’est adapté au besoin du public en offrant une autre forme de présence, moins militante mais plus profonde », sourit Nicolas Morel.

Lien
Vers le CENAC et l'offre de cours proposée.