Des représentants religieux réagissent après la victoire de Trump

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Des représentants religieux réagissent après la victoire de Trump

Emily McFarlan Miller
10 novembre 2016
Les évangéliques blancs ont fortement fait pencher la balance du côté de Donald Trump, mardi 8 novembre, lors des élections présidentielles américaines
Chrétiens, juifs ou musulmans, ils expriment leurs ressentis face à cette victoire.

Photo: Donald Trump © RNS/Reuters/Carlo Allegri

(RNS/Protestinter)

Certains ont célébré et félicité le vainqueur. D’autres ont prié et appelé à l’unité. Il était clair dès le début que les évangéliques consistituaient la clé du succès surprenant de Donald Trump. Parallèlement, des athées et des musulmans ont réagi, choqués, et se sont engagés à se défendre contre ce qu’ils qualifient d’acte anticonstitutionnel et antidémocratique.

Selon les sondages, 81 pour cent des évangéliques blancs et autres chrétiens «born-again» ont choisi de voter pour la star de la téléréalité, devenue candidat républicain à la présidentielle. Ce chiffre est plus élevé que pour Mitt Romney (79%) en 2012, John McCain (73%) en 2008 et George Bush (79%) en 2005.

«Le triomphe de Donald Trump pourrait représenter ‘le dernier hourra’ des hommes blancs évangéliques aux Etats-Unis, ou cela pourrait signifier que leur influence est à nouveau à la hausse. Nous devrons attendre pour voir», a déclaré Tony Campolo, l’ancien conseiller spirituel de Bill Clinton, au site d’informations en ligne Christian Today. «Mais il n’y a aucun doute que sa victoire est en grande partie due à leur soutien».

Voici les réactions de certains évangéliques et représentants d’autres religions après le succès de Donald Trump:

Paula White est la conseillère spirituelle de Donald Trump et membre de son conseil consultatif évangélique. Pasteure dans le Centre New destiny christian, en Floride, elle s’est exprimée ainsi: «Bien plus que ce qui nous divise, cette élection a révélé ce qui nous unit. Je n’ai jamais vu une telle solidarité entre évangéliques, catholiques, pentecôtistes, charismatiques et baptistes. Nous avons été réunis par un amour réciproque en notre pays et une foi mutuelle en Dieu. Cette élection a permis le dialogue, mais ce qui adviendra grâce à ces relations nouvelles aura beaucoup plus d’impacts que tout ce qui pourrait être réalisé par l’élection d’un politicien. Nous entrons dans une nouvelle ère, prêts à aimer le monde ensemble à un degré plus élevé que ce que nous pourrions faire seuls».

Samuel Rodriguez est le président de la Conférence chrétienne hispanique nationale. Peu après les résultats des élections, il a tweeté «Brexit 2.0». Puis dans une déclaration écrite plus longue, il a dit: «Maintenant que l’élection présidentielle est enfin derrière nous, notre nation doit mettre la politique partisane et la rhétorique qui divise également derrière nous. Je me réjouis de travailler avec la nouvelle administration. A la place d’être le programme de l’âne ou de l’éléphant, symbole des partis démocrates et républicains, les chrétiens doivent être le programme de l’agneau qui symbolise Jésus. Nous pouvons et nous devons poursuivre le combat pour réconcilier le message de Billy Graham et la marche de Martin Luther King en faveur de la justice. Dès le moment où, en tant que chrétiens, nous sommes instrumentalisés par un parti politique ou une idéologie, nous perdons notre légitimité pour dire la vérité au pouvoir. Maintenant, il est temps de se lever en tant que gens de foi et en tant que voix indépendante qui tient les responsables politiques sur les deux côtés de l’allée et responsable devant les politiques qui ne visent ni à gauche ni à droite, mais la justice pour tous. Une justice qui constitue la clé de voute de notre souci pour la liberté religieuse, la sainteté de la vie, la réforme de l’immigration et l’unité raciale. Nous prions pour la sauvegarde de notre démocratie pendant que nous passons à la nouvelle administration de Donald Trump. Nous prions pour que Dieu continue de bénir et de faire prospérer notre nation».

David Silvermann, le président des athées américains, a tweeté dans la nuit de mardi: «C’est ce contre quoi je me bats. La séparation entre la religion et le gouvernement est sérieusement en danger. Aidez-moi.»

Au cours des semaines qui ont précédé l’élection, l’écrivaine chrétienne, Jen Hatmaker a qualifié Trump «d’absolument et totalement inapte à la présidence», lors d’une interview controversée dans laquelle elle a également exprimé son soutien à la communauté lesbienne, gay, bisexuelle, transsexuelle (LGBT). Alors que Trump était en train de gagner, elle a tweeté: «Est-ce que quelqu’un peut venir me tenir la main?» Le jour d’avant, elle avait posté sur Facebook: «Peu importe ce qui arrivera demain, que votre candidat gagne ou perde, que vous vouliez acclamer ou vomir, ou qu’il n’y ait pas de scénario heureux, voici comment je vois les choses: nos ordres de marche sont les mêmes. Nous sommes les mêmes qu’avant, des chrétiens. Nous aimerons encore notre prochain et nous résisterons à la peur. Nous nous attacherons aux personnes marginalisées et protégerons les personnes vulnérables. Nous allons travailler comme de bons citoyens, et rester fidèles à Dieu et les uns aux autres. Nous allons apporter l’espoir, la grâce, la force, l’amour à ce monde brisé. Nous ne calomnierons pas les gens par crainte ou confusion. Nous aimerons Dieu et la société, notre plan reste le même».

Russell Moore, le président de la Commission d’éthique et de liberté religieuse de la Convention baptiste du Sud a été l'un des critiques évangéliques les plus ouvertement opposés à Donald Trump. Mercredi matin tôt, Russell Moore exhortait toujours les chrétiens à prier pour le président élu dans un poste sur son blog, en disant: «Quelles que soient les divisions ethniques et raciales en Amérique, nous pouvons être des Eglises qui démontrent et incarnent la réconciliation du royaume de Dieu. La leçon la plus importante que nous devrions apprendre est que l'Eglise doit s'opposer à la politique conçue comme une religion, et la religion conçue comme la politique.»

Au Vatican, le diplomate le plus haut placé du Vatican a félicité Trump et a déclaré que la hiérarchie de l’Eglise catholique priait «que Dieu l'illumine et le soutienne dans le service de son pays, bien sûr, mais aussi celui du bien-être et de la paix dans le monde.» Il a également déclaré espérer que Donald Trump modifie son projet de politique d'immigration, tout en notant que d'après ce qu’il a entendu, Donald Trump s’exprime déjà en tant que chef. Le Pape François avait provoqué une tempête politique en février dernier, lorsqu’il a affirmé à son retour d'une visite au Mexique que Donald Trump n'était «pas chrétien» car il s'était engagé à construire un mur à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique.

David Harris, de l'Organisation mondiale de défense des intérêts juifs (AJC), a déploré le «fanatisme» et l'«exclusion» exprimés pendant la campagne, qui comprenait un discours haineux anti-juif de la part de certains des partisans les plus bruyants de Trump. «La diversité de l'Amérique doit être défendue contre toute tentative de diaboliser ou de stigmatiser une partie de la population sur la base de l'ethnicité, de la race, du sexe ou de la foi», at-il déclaré dans un communiqué. Il a ajouté que la priorité absolue est maintenant de «s’atteler aux blessures d'une campagne extraordinairement destructrice».

L'Organisation nationale de défense des droits et de l'éducation a posté sur son site web: «Tout au long de ces élections, les défenseurs des musulmans ont exprimé à maintes reprises de vives inquiétudes quant aux politiques antidémocratiques et anticonstitutionnelles proposées par les candidats, politiques allant de l’interdiction de territoire aux musulmans jusqu’à la stigmatisation des Américains mexicains ou aux menaces d’emprisonnement à l’encontre des journalistes et des opposants politiques. Ces politiques violent le fondement même de notre démocratie et menacent le droit de tous les Américains à la liberté, à la justice et à l'égalité. Si le président élu Trump veut réunir l'Amérique et être un leader pour tous les Américains, il devra désavouer ses propositions et ses idées dangereuses. Aujourd'hui, nous nous tenons côte à côte avec nos compatriotes américains qui rejettent le racisme, la bigoterie, l'antisémitisme et la division. Les défenseurs des musulmans utiliseront tous les outils juridiques disponibles pour protéger notre pays contre des actions anticonstitutionnelles et antidémocratiques.»

Bien sûr, Jésus-Christ n'est pas vraiment sur Twitter. Mais @JésusofNaz316, lui, y est. Et le ton de ce compte Twitter, le plus souvent humoristique, est devenu grave tard mardi soir alors que les résultats de l'élection ont été dévoilés. «Soyez sous le choc ce soir. Priez. Ensuite, demain, donnez-vous la main et travaillez pour la justice, accueillez l'étranger, demeurez avec les opprimés, et espérez».