La Rencontre européenne de Taizé rassemble plus de 20'000 jeunes

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La Rencontre européenne de Taizé rassemble plus de 20'000 jeunes

Bernard Litzler
4 janvier 2018
Du 28 décembre 2017 au 1er janvier 2018, la Rencontre européenne de Taizé a eu lieu à Bâle
Près de 20’000 jeunes ont afflué de toute l’Europe. Un 40e rendez-vous placé sous le signe de la joie de croire.

Photo: © Taizé

, cath.ch

«C’est un miracle»: Lukas Kundert, le président du Conseil synodal (exécutif) de l’Eglise réformée bâloise n’en revient pas. «Bâle est un canton très laïc… Nous ne savions pas quel serait l’accueil des autorités à l’idée de recevoir la Rencontre européenne de Taizé». Et le miracle a eu lieu. Les autorités ont accueilli favorablement la demande de la communauté œcuménique de Taizé. Et l’organisation de la 40e Rencontre européenne a pu se mettre en place.

Le 28 décembre 2017, près de 20’000 jeunes ont convergé vers la cité rhénane. Un rendez-vous en Suisse, mais impliquant un territoire élargi au sud de l’Alsace et au pays de Bade (Allemagne). Bâle, ville-relais, confirme ainsi sa position au carrefour entre trois pays. La Regio basilensis, centre de l’humanisme rhénan depuis le Moyen Age, constitue un lieu privilégié. «Bâle est petit, mais nous sommes parvenus à trouver des relais, grâce aux communautés chrétiennes et plus loin même que les familles chrétiennes», précise Lukas Kundert.

Résultat: 95 communautés d’accueil, représentant toutes les sensibilités chrétiennes, soit 200 paroisses ou autres, se sont manifestées. Et 1000 volontaires ont parachevé le travail de mise en place qui a duré plusieurs mois.

Bâle, ville de la Réforme

De quoi réjouir Frère Alois, prieur de Taizé. «Nous sommes heureux de cette réponse si large de toutes les communautés, précise-t-il. Car notre mot d’ordre est la confiance. Ces Rencontres européennes, depuis 40 ans, reprennent le leitmotiv du Pèlerinage de confiance sur la terre, thème de ces rencontres itinérantes. Car la confiance est un défi contre la méfiance, si forte aujourd’hui. Et beaucoup de pèlerins viennent d’au-delà de la Communauté européenne: d’Ukraine, des Pays baltes.»

Les chiffres accréditent les propos de Frère Aloïs: 2’800 jeunes sont venus d’Ukraine. Aux côtés de 4’900 Polonais, 1’500 Allemands, 1’300 Français, 1’300 Croates et 1’200 Italiens. Autre motif du choix de la cité: les 500 ans de la Réforme protestante. Bâle a été au centre du mouvement au 16e siècle. «Le fait que l’année de la Réforme pourra se terminer par une rencontre œcuménique qui met l’accent sur ce qui nous unit et non sur ce qui nous divise est un signe parlant», ajoute Lukas Kundert.

Silence impressionnant

La première grande prière commune, jeudi 28 décembre à 19h, a rassemblé plus de 10’000 jeunes à la Halle St-Jacques et à l’Arena St-Jacques. Le silence qui a ponctué ces moments de prière a impressionné. Mgr Felix Gmür, évêque de Bâle, confie que cette rencontre l’a touché: «Ce silence centré sur le Christ était impressionnant».

Cette journée du vendredi 29 a commencé dans les paroisses et lieux d’accueil, dans les trois pays. Puis, les jeunes se sont retrouvés dans les églises de Bâle pour la prière de midi, avant de s’éparpiller dans les ateliers ouverts dans toute la ville. Les thèmes ont abordé les questions spirituelles ou de solidarité, l’art et la foi, l’Eglise.

Le programme du samedi 30 a été identique. Dimanche 31, les célébrations se sont déroulée avec les jeunes dans les communautés locales, avant une grande prière commune à Bâle, retransmise par la TV alémanique. Le passage à l’an neuf s’est vécu dans les familles et les lieux d’accueil. Le Jour de l’an, les jeunes ont quitté leurs familles après un dernier repas.

Construction européenne

Quand on demande à Frère Alois si la Rencontre a une dimension politique dans une Europe en proie au doute, il répond simplement: «Oui, sans doute. Mais nous sommes concentrés sur la compréhension entre les peuples. Peut-être que la construction européenne s’est faite trop rapidement, sans s’écouter réciproquement.» Et Mgr Gmür ajoute: «Les expériences communes, toutes simples comme prier ou manger ensemble, liées à de vraies expériences avec Jésus, ces expériences demeurent».

Le prieur de Taizé, lui, ne cesse d’appeler à la fraternité et à abandonner la peur de l’étranger. Frère Alois rappelle que la communauté de Taizé œuvre aussi hors d’Europe. Il était récemment au Soudan du Sud et pense déjà à l’Asie: à Hong Kong en août prochain, il rencontrera des chrétiens de Corée, du Japon et de Chine.

Etape de choix

Bâle constitue donc une étape de choix de rencontre et d’ouverture au niveau européen. Témoins, les multiples messages d’encouragement reçus à l’ouverture de la rencontre. Le pape François, tout comme d’autres responsables ecclésiaux, ont encouragé la communauté de Taizé sur ce chemin. Et, note supplémentaire pour 2018, largement prônée à Bâle: la joie, décrite en quatre propositions. Les jeunes en ont parlé durant quatre jours. Et l’ont vécue dans des échanges simples, autour de la communauté fondée par Roger Schütz, en Bourgogne. Quarante ans après, le souffle continue. Et l’Europe chrétienne en est vivifiée.