La première étape toujours en cours

Christian Foehr explique qu’il a fallu augmenter le nombre de micropieux pour compenser la qualité médiocre du sol. / ©Alain Grosclaude
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Christian Foehr explique qu’il a fallu augmenter le nombre de micropieux pour compenser la qualité médiocre du sol.
©Alain Grosclaude

La première étape toujours en cours

Temple de la Fusterie
Les travaux du temple de la Fusterie avancent bien, malgré des aléas qui ont chamboulé le planning et fait grimper la facture. Le point avec Christian Foehr, l’architecte du projet, qui supervise le chantier.

Cette première étape du chantier de restauration et d'adaptation, qui consiste en la reprise en sous-œuvre de l’ensemble de l’édifice, se révèle-t-elle plus complexe que prévu?

Oui, les résultats des premiers tests du terrain étaient très mitigés. Ils ont mis en évidence une très mauvaise qualité des sols, gorgés d’eau et spongieux. Par ailleurs, les fondations en maçonnerie de boulets sont plus hétérogènes que prévu, avec des matériaux divers tels que des boulets de rivière, de la molasse, de la brique, etc. Cela leur confère une certaine fragilité et un manque de cohésion.

Les tests préliminaires de mise en œuvre des micropieux scellés dans une strate de terrain limoneux argileux préconsolidé, située entre 9 et 18 mètres de profondeur, ont nécessité de nombreux réglages pour l’établissement d’un mode opératoire de mise en œuvre permettant de garantir la sécurité de l’ouvrage et des personnes. Nous avons été contraints de resserrer le maillage des micropieux. Au lieu d’en poser 142 comme prévu, afin de trouver un appui stable en profondeur, nous avons dû en ajouter 52, le bâtiment étant prévu pour être en appui sur ces pieux insérés à une profondeur de 12 à 18 mètres. Nous avons terminé ce travail d’implantation des micropieux l’automne dernier.

Désormais, nous forons les fondations pour permettre à celles-ci de reposer sur les micropieux. Ce travail de report de charges de l’entier du bâtiment sera effectué entre janvier et février. Ensuite, il s’agira de réaliser le sous-sol, tout en creusant sous les fondations pour permettre d’insérer un radier général avec son étanchéité et une isolation périphérique.

Quelle est l’étape suivante?

La phase préparatoire du projet de sous-sol, prévu en sept grandes étapes, débutera lorsque les fondations auront été mises en appui sur les micropieux. Au préalable, il faudra aussi riper la chaire de quelques mètres pour permettre l’accès aux engins de chantier. Nous prévoyons de commencer fin janvier les travaux de terrassement pour le dallage en radier qui sera situé 4,5 mètres en dessous du niveau de la place de la Fusterie. Soit près de 5,5 mètres au-dessous du plancher fini de la nef. Le sous-sol devrait être terminé fin février 2025. Le plancher de la nef, qui sera posé dessus, devrait être, de son côté, mis en place entre mai et septembre 2025.

Le projet de pose de panneaux explicatifs sur les palissades du chantier est-il toujours d’actualité?

Oui, la pose est prévue dès novembre 2024, lorsque nous aurons terminé la confection du radier. Les seize panneaux grand format présenteront à la fois le chantier actuel, l’histoire de la place, celle du temple et du second Refuge, mais également l’Eglise protestante de Genève et le futur du temple avec des locaux adaptés aux besoins actuels. Avant cela, a priori fin mai, nous installerons un leporello sur la façade située du côté de la rue de la Confédération. Un montage de photos du tableau du peintre Konrad Witz, La Pêche miraculeuse, représentant la rade de Genève, et de photos récentes de baptêmes dans le lac Léman a été réalisé par l’artiste Jean Stern.

Nous avons dû réactiver la recherche de fonds

Le financement des travaux est-il bouclé?

Non, pas encore. Le budget initial, qui datait d’octobre 2020, se montait à 15,5 millions de francs. Désormais, il est plutôt estimé à 20 millions. Différents aléas géologiques, notamment les 52 micropieux supplémentaires qu’il a fallu fixer afin de resserrer le maillage, ont contribué à une hausse des coûts. Tout comme l’indexation et la nette augmentation du prix de certaines matières premières à la suite de la guerre en Ukraine, par exemple l’acier, très utilisé sur ce chantier. La Fondation pour la conservation des temples genevois construits avant 1907, qui est le maître de l’ouvrage, a réactivé sa recherche de fonds pour réunir cette somme.

Quand les travaux se termineront-ils?

Le chantier, démarré en octobre 2021 avec le démontage de l’orgue, a été interrompu plusieurs mois l’année suivante en raison d’un recours avec effet suspensif d’un commerçant voisin. Les résultats très mitigés des premiers tests de qualité du sol ont nécessité des ajustements conséquents qui ont également induit des retards. Le planning actuel prévoit la fin des travaux à l’automne 2027.