Le paroissien n’est plus ce qu’il était… le pasteur non plus

Les Théopoppettes l’une des nouvelles formes ecclésiales de l’EPG. / © DR
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Les Théopoppettes l’une des nouvelles formes ecclésiales de l’EPG.
© DR

Le paroissien n’est plus ce qu’il était… le pasteur non plus

Évolution
Actifs dans une Église qui expérimente nombre de nouvelles formes ecclésiales, les pasteurs genevois troquent de plus en plus souvent la casquette de leader d’une communauté contre celle de chef de projet ou de coach de laïcs.

L’Église protestante de Genève (EPG) propose une palette d’offres ecclésiales innovante. Des laïcs sont formés pour prêcher, y compris lors de services funèbres, ou se voient reconnaître une charge de ministère. Diverses activités sont ainsi proposées davantage autour d’une thématique plutôt qu’en fonction d’une appartenance géographique telle que se définit une paroisse. Antenne LGBT, écospiritualité ou parlottes des Théopopettes participent ainsi de ce foisonnement.

«En fait, si ces dernières années on a mené une réflexion autour de ce que l’on a appelé les missions ecclésiales ou les ministères pionniers, et qu’on les a encouragés, l’on se rend bien compte que c’est un mouvement qui remonte bien plus loin sans qu’on l’ait nommé jusqu’alors», souligne Blaise Menu, modérateur de la Compagnie des pasteurs et des diacres de Genève. «Depuis les années 1960, on a assisté à l’émergence de ministères spécialisés tels que les aumôneries, plus tard des activités d’interface avec la cité comme les Espaces (Fusterie, Saint-Gervais, Pâquis) pour la culture, la spiritualité, la diaconie, ou récemment la Maison Bleu Ciel», énumère le pasteur. «La spécificité réside peut être dans le fait que l’EPG présente actuellement près d’un tiers des postes pastoraux occupés par ce type de ministères.»

En fait, toute cette démarche tombe sous le sens

 

Pas question toutefois de le vivre comme une concurrence entre paroisses et lieux thématiques. « Cela fait partie de la vie de l’Eglise. Le groupe de maison qui se réunit une fois par semaine est complémentaire du culte dominical. La volonté, ici, c’est d’aller en tant qu’Eglise là où sont nos contemporains », insiste Vanessa Trüb, pasteure au Lab. 

« En fait, toute cette démarche tombe sous le sens, mais en même temps, elle demande une certaine capacité de décentrement aux ministres », résume Blaise Menu. « Dans une paroisse traditionnelle, le pasteur a prioritairement le rôle de leader de la communauté, complète Vanessa Trüb. Ces nouvelles formes ecclésiales font évoluer son rôle. Il est désormais une référence, un coach. Il doit mettre ses compétences spécifiques, en théologie par exemple, au service de tous. » De nouvelles fonctions qui étendent les compétences attendues d’un ministre. Il doit par exemple développer un savoir-faire en gestion de projets. 

Cette créativité ecclésiale est toutefois cadrée. «Nous nous sommes largement inspirés des textes de l’Église anglicane du Royaume-Uni. Dans un système ecclésial de type épiscopal, les lignes directrices ont pour but d’assurer un traitement équitable des différents projets et d’empêcher un certain clientélisme. Transposées dans un régime réformé, nous proposons des pratiques qui accompagnent les responsables de projets et assurent que l’on reste bien dans un projet d’Église», résume Blaise Menu. 

La cohérence et les objectifs des formes ecclésiales naissantes sont donc régulièrement évalués. Les textes prévoient même qu’un projet puisse être abandonné. «Dans la pratique, nous n’avons pas encore cette expérience. En fait, on se rend compte que les projets ont plutôt tendance à évoluer au fil du temps pour répondre aux besoins de ceux à qui ils s’adressent», note Blaise Menu. «Mais il est clair que l’objectif n’est pas de créer des activités qui doivent être obligatoirement pensées pour durer cinquante ans, la société évolue et certaines activités peuvent perdre leur sens, tout simplement.»