Les familles sont au cœur du programme de législature du conseil synodal (CS). «FamilleS» avec un grand «S» pour signifier que la famille – sous toutes ses formes possibles – doit mobiliser notre attention dans chaque projet de paroisse, existant ou nouveau. Qu’attendent-elles? Nos projets répondent-ils à leurs attentes? Il s’agit, dans un premier temps, d’identifier ces attentes.

Dans la région Morges-Aubonne, il a été décidé, en Assemblée régionale, conjointement avec le colloque des ministres, de ne pas créer un poste spécifique pour le projet «FamilleS». Afin de valoriser la proximité paroissiale, la région a souhaité répartir les forces nécessaires à l’élaboration de projets entre les six paroisses qui la constituent.

Quatre ministres de la région ont suivi une formation à l’innovation. Cette formation proposait d’entrer dans un processus créatif à l’issue duquel chaque participant pouvait mettre sur pied un projet innovant. Ils ont ainsi pu s’approprier et mettre en œuvre des méthodes et des outils de réflexion (Théorie U et Design Thinking) largement utilisés dans le monde de l’entreprise.

Qui mieux que celles et ceux qui ne viennent pas aux activités proposées en Eglise peuvent nous donner la raison de leur absence? L’Eglise a-t-elle cessé d’être attractive? Ne répond-elle pas aux besoins des familles? C’est à partir de ces questions qu’a été élaboré un «fil d’entretien» que les participants ont utilisé pour mener des interviews. Le fil de ces entretiens est bâti sur deux axes: communauté et spiritualité. Ces entretiens ont aussi été l’occasion de rencontrer l’autre et ses centres d’intérêt. Ils ont permis de tisser des liens et de donner la parole aux distancés de l’église. Leurs avis ont été entendus et considérés. Le résultat de l’ensemble des entretiens anonymisés a été synthétisé et analysé. Cela a donné lieu à une phase d’idéation collective puis de prototypage et de test. A partir de tout cela sont nés plusieurs projets.

Forts de cette expérience, deux ministres de la région ont initié une nouvelle enquête de qualité. L’ensemble des paroisses de la région est invité à entrer dans cette démarche dynamique et stimulante de rencontres, d’interviews et de collectes des données. Il s’agit de permettre aux lieux d’église de nourrir leur réflexion à partir de regards extérieurs à l’Eglise. Une fois ce travail réalisé, les paroisses pourront alors mieux imaginer comment répondre concrètement aux attentes communautaires et spirituelles de la population de leur secteur.

La région n’en est qu’au début du chantier. Le gros du travail reste encore à faire. Les quelques entretiens menés jusque-là ont tous été passionnants et la suite s’annonce stimulante. On réalise, on confirme ou infirme des intuitions. On comprend, par exemple, que la communication est un chantier à part entière. La plupart des gens ignorent tout des activités proposées en église. On comprend que l’image de l’Eglise, toujours en retard dans un monde qui va toujours plus vite, est encore une image sans joie, voire rabat-joie. Mais se nourrir de ce que l’autre voit de l’Eglise, même si son regard est discutable et ne nous semble pas toujours juste, pourrait bien être une solution efficace pour permettre de nous adapter plus vite à ce monde en permanente mutation.

Oui, l’innovation est chronophage. Cette enquête de qualité, dans laquelle ministres et laïcs peuvent s’investir pour quelques interviews, prend du temps. Mais chaque rencontre est un trésor d’humanité et d’informations, lesquelles pourraient bien être à l’initiative de changements, de genèse d’idées et de projets dans une église en vie qui pourrait bien donner envie.