«Bénir permet d’entrer en dialogue»

Richard Falo, Tamara Gasteiner, Guy Labarraque, les motards de l’EERV. / © DR
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Richard Falo, Tamara Gasteiner, Guy Labarraque, les motards de l’EERV.
© DR

«Bénir permet d’entrer en dialogue»

IMPROVISATION
L’aumônier et pasteur Guy Labarraque, la diacre Tamara Gasteiner et le pasteur Richard Falo organisent une bénédiction destinée aux passionné·es de moto. Explications.

Bénir des fans de motos ne s’improvise pas. L’idée est née il y a quelques années. C’est le pasteur Richard Falo, dans la paroisse de Renens, qui a amorcé ce geste annuel. Face à la masse des participant·es, il a sollicité le soutien de son collègue Guy Labarraque, aumônier de gymnases. Ces passionnés de deux-roues ont été rejoints il y a peu par Tamara Gasteiner, diacre à Yverdon-les- Bains, qui partage leur goût pour les sports mécaniques.

Au départ, la démarche s’était faite avec un moto-club, collaboration qui a pris fin pour des raisons éthiques. «Certains moto-clubs (MC) se ‹partagent› des territoires et adhèrent à des codes qu’on ne peut pas cautionner en tant qu’institution de droit public. Ainsi, apprendre qu’il faut demander l’autorisation d’un MC pour élaborer un itinéraire, parce qu’on est sur ‹sa› terre, laisse songeur», résume Guy Labarraque. Un désaccord éthique, qui porte sur des principes, mais n’empêche pas la bénédiction des personnes, bien au contraire.

Le 3 juin prochain, le rassemblement organisé par les trois ministres est ouvert à toute personne intéressée, sans inscription. «Les gens peuvent nous rejoindre sur le trajet, car on fait une balade à moto pour y aller. Ou bien venir simplement sur place, pour la bénédiction. On sera peut-être 20, ou plus, on verra!» La bénédiction aura lieu dans le Jura français, près de l’abbaye désacralisée de Baumes-les- Messieurs. «On choisit toujours des lieux de pèlerinages: l’abbaye d’Hauterive à Fribourg, celle de Romainmôtier ou de Payerne. L’optique de la démarche est de joindre culturel et cultuel.»

En matière de culte, cependant, pas de longue liturgie, même si ce temps comporte un «aspect communautaire». La bénédiction «des motards, pas des motos», souligne Guy Labarraque, est surtout un moment pour entrer dans un court entretien individuel avec chaque personne présente. «C’est un espace d’échange, d’ouverture, parfois de ‹confession›. Certains démarrent la moto, mais ne sont pas sûrs de ce qu’ils font. Une personne m’a confié avoir perdu un ami, et j’ai réalisé qu’elle n’avait pas vécu son deuil. On peut entrer en dialogue hors de l’institution, tout en étant en dedans: je porte ma robe noire!» observe l’aumônier. Qui demande le prénom des gens, mais ne cherche pas à connaître leur parcours religieux ou spirituel. «On vit un moment de partage, on est inclusifs.»

Ah, l’Eglise inclusive! Faut-il imaginer une communauté dédiée aux motards? «Non, ce n’est pas du tout le but. D’une part, il n’y pas de demande du terrain. D’autre part, les motards sont juste des gens comme vous et moi, qui partagent une passion.»

Infos pratiques

Bénédiction des motards, le 3 juin, cascade du Dard, à proximité de l’abbaye Saint-Pierre de Baumes-les-Messieurs (Jura, France), ouverte à tous.