Fin du Lab, place à l’aumônerie de l’Unige?

Temple de Plainpalais à Genève. / CC0 public domain
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Temple de Plainpalais à Genève.
CC0 public domain

Fin du Lab, place à l’aumônerie de l’Unige?

4 décembre 2023
Malgré les protestations et la présence d’une vingtaine de jeunes venus militer en faveur du maintien du Lab au temple de Plainpalais, lors de la dernière assemblée de l’Eglise protestante de Genève, son Exécutif ne reviendra pas sur sa décision. Explications et projet d’avenir.

Une vingtaine de jeunes vêtus de noir ont fait le déplacement ce jeudi 30 novembre, pour assister à la séance du Consistoire de l’Eglise protestante de Genève (EPG). Ils répondaient à l’appel contestataire du pasteur Nicolas Lüthi, responsable du ministère du Lab, en réaction à la décision du Conseil du Consistoire (CC) de fermer cet «espace pour jeunes adultes ouvert, inclusif et progressiste» établi dans le temple de Plainpalais.

Afin de répondre aux «nombreuses interrogations» suscitées par cette annonce, la présidente de l'Assemblée du Consistoire a proposé de modifier l'ordre du jour de la session pour y inclure un point d'information autour de cette décision. Prenant la parole dans un premier temps, le secrétaire général de l’EPG, Stefan Keller, a rappelé «le processus qui a amené à la création du Lab et à sa fermeture», insistant sur le point que le projet était alors d’établir «un ministère pour la jeunesse». Et de conclure qu’il est assurément de la compétence du CC de mettre un terme à ce ministère».

Conflits internes

 

Un point sur lequel a réagi Laurent Gilliard, délégué suppléant du Lab, affirmant ne pas partager «cette interprétation sur le plan juridique». S’il admet que le Lab a connu des temps de tourmente, évoquant «un environnement toxique», il insiste sur le fait que le climat s’était rétabli: «La personne avec qui nous avions un problème ayant démissionné, nous avions l’espérance que tous les symptômes liés à ce dysfonctionnement ne se reproduiraient pas.» Et si les rencontres ont été en effet nombreuses avec l’Exécutif de l’EPG cette dernière année, il estime qu’il n’a cependant «jamais été question de fermeture, mais d’ajustements».

Quant à l’accusation de ne pas répondre à la mission donnée, il répond que «la valeur de ce ministère est qu’il s’adresse à des personnes qui sont en dehors des Eglises, à des stades d’éveil spirituel basiques et primaires et à qui on propose des activités où la spiritualité chrétienne n’est pas amenée de manière frontale aux participants».

Au moment de prendre la parole, le pasteur Emmanuel Rolland, secrétaire général adjoint à la mission, énonce que, pour sa part, il ne va «pas se placer sur le plan du droit». Et de déclarer: «La Lab s’est cassé le jour où il s’est séparé de l’Antenne LGBTI. Malgré les efforts, il a été impossible de vous entendre entre vous, qui prônez pourtant l’accueil inclusif et la bienveillance.» Une fracture qui a été suivie de près par le départ de l’emblématique pasteure Carolina Costa, en septembre 2021. «Ces deux ruptures ont laissé le Lab exsangue», formule Emmanuel Rolland.

Une question d’identité

Présidente de l’Antenne LGBTI, Erin Lederrey atteste de ces difficulté: «Nous nous sommes retrouvés face à une incapacité du Lab à collaborer avec l’antenne. Le Lab s’est emmuré dans un isolement et a fait comme s’il n’avait des comptes à rendre à personne.»

Or, comme le rappelle Emmanuel Rolland, «si l’antenne LGBTI est à présent établie sur la Rive droite, quelle est la spécificité du Lab?» Car là est bien la question. Pensé comme un ministère jeunesse, le Lab – qui a vu naître en son sein l’Antenne LGBTI puis prendre son envol – a souhaité garder cette identité LGBTIQ+. Et ce, «en violation des directives de l’EPG», formule la présidente de l’Antenne.

De fait, il n’existe pas à l’heure actuelle un lieu destiné à toute la jeunesse, comme le souhaite l’EPG. «Dans notre société, d’autres lieux se construisent autour de l’écoféminisme ou de la justice sociale, mais si on ne propose pas, nous, un lieu où l’on avance Bible en main pour transmettre ce patrimoine, qui va le faire?» pose encore Emmanuel Rolland.

A l’adresse des étudiants

Au sein de l’assemblée des délégués, les avis se montrent partagés. Si certains regrettent cette fermeture – «Nous demandons au CC de reconsidérer sa décision», lance une déléguée au nom de sa paroisse –, d’autres expriment leur désapprobation face à la réaction des responsables du Lab: «Vous avez le droit de ne pas être contents, mais vous ne mesurez pas à quel point nous vous avons donné du temps: une quarantaine de séances ces derniers 24 mois. Et vous osez dire que vous n’étiez pas au courant de la fermeture?»

En dehors de quelques passes d’armes, d’autres ont déjà pris acte de la décision et se montrent attentifs aux propositions qui seront faites pour, comme l’a exprimé Stefan Keller, «un nouveau départ». Et Emmanuel Rolland d’indiquer qu’une discussion est déjà en cours pour «confier le temple de Plainpalais à l’aumônerie de l’Université de Genève», situé juste à côté. «Un projet concret va être présenté au Consistoire au printemps prochain», annonce-t-il.

Si l’Exécutif de l’EPG a proposé de recevoir une délégation du Lab ce lundi 4 décembre, celui-ci le confirme, il ne reviendra pas sur sa décision. «Nous souhaitons développer et recentrer le secteur jeunesse en faveur de tous les jeunes de nos régions», conclut Chantal Eberlé, présidente de l’EPG. Quant aux fidèles du Lab, «l’EPG va proposer différentes alternatives pour la poursuite de leurs activités, mais en milieu ecclésial».