Dans le même temps, du côté catholique, des milliers de cas d’abus sont dénoncés parmi des prêtres. Mais presque aucun évêque n’annonce envisager de lâcher sa crosse et sa mitre. Or on reproche là aussi à de nombreux responsables ecclésiastiques d’avoir connu ces situations, sans qu’ils n’interviennent.

Faut-il en conclure que les protestants auraient la probité davantage chevillée au corps que les catholiques? «Il faut avant tout observer une autre manière d’envisager la pureté», répond le théologien Michel Grandjean. L’ancien professeur d’histoire du christianisme à l’Université de Genève pointe en particulier une anthropologie différente caractérisant la personne des ministres: elle permet plus facilement aux prêtres de se sentir blanchis.

Mais, pour l’historien, il en va aussi du sens de la responsabilité face à Dieu, plus marqué du côté protestant: tandis que «le sacrement de confession dédouane les catholiques, en protestantisme la faute relève du secret entre Dieu et nous». Une posture qui pousse les héritiers de la Réforme à se reconnaître davantage impliqués personnellement.

La «rectitude protestante» ne serait donc pas qu’un cliché sans fondement. Et cela se confirme dans le domaine économique: selon une étude menée en Allemagne en 2015, relayée jadis par l’éphémère Nouvelle R, les catholiques seraient plus nombreux à considérer la fraude fiscale comme moralement justifiable. Les protestants, en revanche, auraient davantage tendance à respecter leurs contrats financiers.