«Je dois mon succès aux haters!»

Pasteure au sein de l’Eglise protestante de Genève, Carolina Costa est à la tête d’un «ministère pionnier», entièrement numérique. Elle présente aussi son premier one woman show, où elle incarne un Dieu féminin. / Les Ataprods
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Pasteure au sein de l’Eglise protestante de Genève, Carolina Costa est à la tête d’un «ministère pionnier», entièrement numérique. Elle présente aussi son premier one woman show, où elle incarne un Dieu féminin.
Les Ataprods

«Je dois mon succès aux haters!»

15 janvier 2024
Pasteure au sein de l’Eglise protestante de Genève, Carolina Costa est à la tête d’un «ministère pionnier», entièrement numérique. Elle présente aussi son premier one woman show, où elle incarne un Dieu féminin.

Active depuis trois ans sur la Toile, où elle vulgarise la foi chrétienne, la Genevoise Carolina Costa est officiellement une pasteure 3.0. Son «ministère web» est désormais institutionnalisé par l’Eglise protestante de Genève (EPG), où elle est également responsable Enfance et familles de la région Salève. A grand renfort de vidéos publiées sur YouTube, TikTok, Instagram, et grâce au contenu de son site personnel, Carolina Costa veut mettre la théologie réformée sur le devant de la scène numérique.

Egalement comédienne, celle qui s’est fait connaître du grand public avec sa web-série «Ma femme est pasteure» montera sur les planches dans quelques jours avec son premier one woman show, «Rendez-vous avec Dieu.e». Interview.

Beaucoup d’autres créateurs de contenus font de la vulgarisation biblique. Quelle est la plus-value de vos vidéos?

Le fait d’être une femme, au milieu de beaucoup d’influenceurs chrétiens masculins, change vraiment les choses et n’est pas anodin car cela reste une particularité quasiment inédite dans le milieu chrétien. J’apporte également, en tant que théologienne, ma capacité à vulgariser, ce qui est très important. Le contenu biblique n’a pas bougé, mais il est primordial de savoir le transmettre avec des mots d’aujourd’hui.

Est-ce que votre travail sur les réseaux doit ramener des jeunes dans les paroisses de l’EPG?

Non, cela n’est pas ma mission première. Mon but, c’est d’abord de faire redécouvrir intimement et personnellement la voie spirituelle du Christ et son enseignement. Il peut arriver qu’on me demande ensuite dans quelle Eglise aller ou que certains aient envie de rejoindre l’EPG, mais cela peut être un des fruits de mon travail.

En plus de vos vidéos, vous proposez sur votre site une communauté online «Au puits de l’Evangile» ou un «kit Evangile 3.0». A quoi ressemblent les chrétiens nouvellement convertis grâce à Carolina Costa?

Les gens qui me suivent, et qui participent à mes rassemblements sur Zoom, sont des gens qui progressent dans l’ouverture et dans l’accueil des autres et la compréhension de la grandeur de Dieu, qui dépasse tous nos concepts, nos dogmes et nos discours. Mais la conversion n’est pas dans mes mains.

Le fait que la foi se numérise n’est-il pas un rempart à l’aspect communautaire des religions?

Je vois cela comme une chance, car les gens passent beaucoup de temps devant leurs écrans. Autant donc qu’ils puissent y trouver toujours plus de contenus chrétiens pour les accompagner. Et puis, finalement, le chemin de ceux qui découvrent ou redécouvrent la foi chrétienne sur le web dévie très souvent vers une envie de partage. Il y a notamment des gens qui m’ont découverte sur les réseaux sociaux qui viennent ensuite me retrouver en paroisse.

Sur TikTok, l’une de vos vidéos, à propos de Sodome et Gomorrhe, totalise 1,4 million de vues. Comment expliquez-vous ce succès?

C’est surtout grâce aux haters! Cette vidéo, qui rappelle que ce n’est pas l’homosexualité qui est un péché selon la Bible, mais tout acte sexuel violent, a beaucoup fait réagir. Notamment des chrétiens plus fondamentalistes, qui n’ont pas l’habitude d’entendre ce discours. C’est ça, le jeu des réseaux sociaux. Paradoxalement, grâce aux haters, j’ai pu d’autant mieux propager un message d’inclusivité.

Votre premier one woman show s’intitule «Rendez-vous avec Dieu.e». Pourquoi choisir un Dieu sous la forme féminine, un «Dieu maman»?

A l’heure où le féminin revient en force, c’est l’occasion d’explorer cette facette du divin! On n’a jamais entendu la partie féminine de Dieu, alors que, comme une mère, Dieu nous met au monde. Si on veut en parler de manière complète, il est essentiel de lui donner aussi les traits d’une mère, qui nous rassure autant qu’elle nous rappelle d’où on vient et nos limites!

Il s’agit en somme d’un rééquilibrage.

Exactement! Dieu est au-delà du genre, mais on est tellement habitué aux représentations masculines de Dieu… Mon spectacle propose justement, en féminisant tout le langage lié à Dieu de prendre conscience de tous les autres carcans patriarcaux.

Dans ce spectacle, vous avez choisi de personnifier cette «Dieu.e». Pourquoi ce choix?

Je crois à l’incarnation de Dieu en nous. A savoir que son amour, qui nous concerne tous, fait de chacun d’entre nous un morceau de lui ou d’elle. Alors, autant l’incarner sur scène moi-même et nous donner l’élan de lui ressembler plus souvent!