Un nouveau catéchisme pour construire sa vie

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Un nouveau catéchisme pour construire sa vie

7 avril 2000
Parents non pratiquants, déchristianisation ambiante, motivations à zéro: les ados débarquent au catéchisme en traînant les pieds
Prélude à tous les chahuts et à la désertion de l'Eglise. Pour inverser la tendance, l'Union synodale Berne-Jura inaugure une pédagogie du dialogue qui renonce aux réponses toutes faites."Pourquoi viens-tu au catéchisme?" demande la catéchète à l'un des trublions de sa volée. "A cause de mes parents!" "Et toi, qu'en penses-tu?" "Moi, je ne crois pas en Dieu!" L'opinion de Mathieu est déjà faite.

Ses camarades de caté ne sont guère plus motivés par l'instruction religieuse. Le foot, les filles, le trop-plein de devoirs, la perspective d'un camp de ski, voilà qui les branchent. Leurs soucis? Le choix pour certains, de passer le week-end chez l'un ou l'autre de leurs parents qui vivent séparés, la perspective d'un examen, le souci de ne pas être repoussé par une copine ou un copain qui leur plaît. Les questions relatives à Dieu les taraudent peu.

Dans toutes les églises, le constat est à peu près le même. L'objectif de la catéchèse traditionnelle, qui était de structurer une foi déjà acquise ou supposée, ne correspond plus à la réalité. Le catéchisme calqué sur l'enseignement scolaire est à revoir de fond en comble. Un défi qu'ont courageusement relevé les protestants bernois et jurassiens en se dotant d'un nouveau catéchisme. Il privilégie le dialogue avec les jeunes, s'intéresse à ce qu'ils vivent et ce qu'ils ressentent, pour leur permettre d'être capables de comprendre la réalité de leur vie, faire un choix existentiel, aller à la rencontre des autres et réagir aux événements.

"Si l'on comprend le savoir religieux comme un instrument de navigation au cœur des énigmes de la vie, alors il est certain qu'on ne peut dissocier la question de la réponse," explique Maurice Baumann, professeur de théologie et l'une des chevilles ouvrières du nouveau catéchisme inauguré dans la trentaine de paroisses francophones de la région.

"Si je ne sais pas à quoi un savoir est utile, il reste inopérant quand il s'agit de construire mon projet de vie." Pour illustrer ce qu'il avance, Maurice Baumann reprend l'anecdote du graffiti proclamant "Jésus est la réponse", sous laquelle une main anonyme a rajouté: "Oui, mais quelle était la question ?"Enseignants et élèves en situation de commune recherche

Pour le théologien de St-Imier, le contenu comme le questionnement est ce qui place les partenaires (enseignant et élèves) en situation de commune recherche. Ils sont tous les deux les artisans d'une construction personnelle, ils sont pareillement en recherche, ce qui les met en situation d'égalité parfaite.

Dans cette perpective, l'enseignant est responsable de livrer des informations. Ce rôle ne lui donne aucun pouvoir particulier, pas plus que la garantie d'être dans le vrai. Il met en place un espace pédagogique qui permet l'apprentissage dans le respect et l'autonomie du sujet qui apprend.

§Renoncer aux réponses toutes faitesLe modèle pédagogique choisi a été mis au point par un catholique français, Claude Lagarde. "L'idée est de raconter l'aventure biblique avec ses aspérités, ses bizarreries, ses étrangetés, ses chatoiements," explique Pierre Paroz, l'un des concepteurs de la nouvelle catéchèse. "Ces récits sont porteurs de sens, à nous de stimuler le dialogue avec les enfants et surtout de faire confiance au cheminement de leur pensée. Il est important de donner la chance aux jeunes de délibérer avec les textes bibliques. En matière de catéchisme, plus on explique, moins les enfants comprennent! Il faut casser les réponses toutes faites, utiliser l'esprit critique du jeune, chercher avec lui des correspondances dans sa vie. Prendre en compte ses questions, les faire rebondir jusqu'à ce qu'il esquisse une réponse qui lui est propre. Il faut éviter de clore la quête par une réponse, se soucier de redonner une impulsion pour poursuivre la réflexion. L'enfant trouve par lui-même peu à peu l'aspect symbolique du récit abordé. Il n'y a plus d'instance qui décide des contenus qui doivent être transmis. Là réside la grande nouveauté de ce catéchisme renouvelé.

Au feu, les " leçons de catéchisme"

Désormais, à Tramelan, à St-Imier, Delémont, comme à Bienne et ailleurs dans une trentaine de paroisses francophones, on travaille avec les jeunes par cycles (7-10 ans, 11-13 ans, 14-15 ans) et par séquences de deux heures, insérées dans une sortie dépaysante qui permet au groupe de développer une identité originale.

Ces partages peuvent aussi se dérouler au cours d'un voyage dans les Cévennes, une nuit dans un monastère ou un week-end au Centre de Sornetan. Les jeunes, une quinzaine à la fois, sont entourés de trois adultes, laïques et théologiens formés à la nouvelle catéchèse, attentifs à la parole, toute maladroite qu'elle puisse être, qui surgit dans le groupe, et prêts à se remettre eux-mêmes en question.