Farel, l’insoumis qui réforma la Romandie

Guillaume Farel, par Henri-Louis Convert (1789–1863) / © Domaine public, Wikimedia Commons
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Guillaume Farel, par Henri-Louis Convert (1789–1863)
© Domaine public, Wikimedia Commons

Farel, l’insoumis qui réforma la Romandie

Détermination
Prédicateur passionné, homme au tempérament de feu, Guillaume Farel est, au XVIe siècle, un de ceux qui apportent la Réforme protestante en terres romandes.
Au mois d’octobre après, 1532, vint à Genève un chétif malheureux prédicant nommé maître Guillaume, natif de la cité de Gap en Dauphiné.
Jeanne de Jussy (1503-1561), religieuse catholique, chroniqueuse de la Réforme à Genève

Ils sont quatre au centre du Mur des réformateurs, le monument de la Réforme du parc des Bastions, à Genève: parmi eux, juste à droite de Calvin, le Français Guillaume Farel. Acteur déterminant de l’histoire de la Réforme en terres romandes, c’était un homme au caractère bien trempé.

Il arrive à Genève en 1532, et se met immédiatement à prêcher les idées réformatrices. Face à l’opposition des autorités catholiques, il tente en vain de justifer sa venue. Menacé de mort, il est expulsé de la ville après quelques jours. Revenu l’année suivante, il organise le culte réformé et, le dimanche de Pâques 1534, pas moins de quatre cents personnes reçoivent la cène de ses mains. Deux ans plus tard, la ville adopte la Réforme. Le «chétif malheureux prédicant» a atteint son but. Mais il reste à doter la nouvelle Eglise d’une structure: Guillaume Farel, prédicateur passionné plutôt qu’organisateur, laissera alors cette tâche à Jean Calvin, de vingt ans son cadet, dont il partage la cause et l’amitié.

Les «idées nouvelles» à Neuchâtel

Mais c’est surtout à Neuchâtel que Farel laissera une trace durable. Son effigie, érigée en 1875, trône d’ailleurs en face de la collégiale de la ville. Elle montre un personnage impressionnant, une bible dans la main, décidé à propager les «idées nouvelles», comme on appelait alors le mouvement de contestation des principes de l’Eglise catholique.

Guillaume Farel fait sa première apparition à Neuchâtel en 1529 déjà. L’année suivante, après un échange houleux avec un groupe de prêtres, il se lance dans un débat public pour défendre ses idées. Mais la noblesse s’en prend à lui, manquant là aussi de lui faire perdre la vie. Ses prêches trouvent pourtant écho auprès des auditeurs, qui renverseront de nombreux objets de piété, statues et tableaux, disposés dans les églises, non sans faire éclater des émeutes en ville.

Un pionnier

Le 4 novembre 1530, un vote a finalement lieu: la Réforme est acceptée à une courte majorité. Farel devient le premier pasteur de Neuchâtel et y restera jusqu’à la fn de sa vie, en 1565, tout en voyageant souvent en Allemagne, en Suisse et en France. A différents titres, il contribuera à faire passer de nombreuses autres localités romandes à la Réforme: Aigle, Orbe, Grandson, Yverdon, ou encore Lausanne.

Alors que Calvin se distingue par son activité prolifque d’écrivain, l’importance de Farel est autre: c’est un pionnier du mouvement de la Réforme, donnant la première impulsion dans plusieurs villes. Ses convictions solides et sa détermination lui inspirent des méthodes pour le moins radicales: d’aucuns n’hésiteront pas à le surnommer «le pitbull de la Réforme».

Farel et Calvin

En 1536, Farel vient de convaincre Genève d’adopter la Réforme. Il apprend le passage de Calvin et le persuade de s’y établir par des arguments menaçants, que le réformateur picard écrira n’avoir jamais oubliés. Mais, conscient de la supériorité de la plume du nouveau venu, Farel encouragera son travail de réflexion théologique. Et si les deux hommes développèrent une réelle amitié, elle fut troublée par le caractère insoumis de Farel. Mais aussi par son mariage, à 69 ans, avec une jeune femme d’à peine 18 ans, Marie Thorel.