«Je m’intéresse toujours à ceux qu’on ne voit pas»

La dimension spirituelle a été ravivée chez Sonia Thuégaz, ex-bijoutière, lorsqu’elle a eu des enfants. / ©DR
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La dimension spirituelle a été ravivée chez Sonia Thuégaz, ex-bijoutière, lorsqu’elle a eu des enfants.
©DR

«Je m’intéresse toujours à ceux qu’on ne voit pas»

Evidence
Diacre à la paroisse de l’Aubonne et aumônière en institution spécialisée, Sonia Thuégaz s’occupe à la fois de jeunes catéchètes et de personnes souffrant d’un handicap mental. Mais elle ne s’imaginait pas exercer ces fonctions un jour.

«Le pasteur qui me donnait le catéchisme n’avait pas vu que la petite fille timide que j’étais pourrait devenir diacre et aumônière», explique Sonia Thuégaz, qui est aujourd’hui mère de famille et occupée à plein temps par son double ministère. La question de la foi a pourtant toujours été une évidence pour la quadragénaire, ordonnée comme diacre il y a un an. Même si elle ne vient pas d’un milieu qui a baigné dans la foi. Car dans la ferme familiale, on ne parlait pas souvent de religion ni de Dieu. On pratiquait en revanche le bénévolat et l’on cultivait la disponibilité envers autrui.

«Lorsque j’ai eu des enfants, l’idée de transmission est venue raviver ma dimension spirituelle», souligne la diacre qui s’est alors investie auprès des 6-12 ans, collaborant aussi à des programmes de l’enfance comme «Dédé le dromadaire». Peu à peu, l’idée d’embrasser le ministère a fait son chemin chez cette ex-bijoutière-joaillière qui a longtemps travaillé pour de grandes marques horlogères de Genève.

C’est vraiment dans la rencontre que tout se joue. C’est là que l’on est touché par une forme de grâce.

«Une forme de grâce»

Aujourd’hui, Sonia Thuégaz apprécie particulièrement son poste d’aumônière au sein de l’institution L’Espérance à Etoy, spécialisée dans l’accueil de personnes handicapées. «Les moments qui portent le plus mes semaines sont ceux passés auprès des bénéfciaires. Ce sont eux qui m’apprennent le plus. C’est vraiment dans la rencontre que tout se joue. C’est là que l’on est touché par une forme de grâce.» Au sein de la fondation, qui compte quelque 450 bénéfciaires, dont 150 enfants, le travail d’aumônerie est très varié; il y a la vie cultuelle, avec un recueillement hebdomadaire et une célébration œcuménique tous les quinze jours. Enfn, Sonia Thuégaz fait aussi des accompagnements individuels, passe dans les classes de l’école et organise avec son collègue les rencontres du groupe de jeunes. «Je suis là pour accompagner chaque personne dans sa spiritualité, ses questions existentielles, souvent liées aux différentes étapes de la vie.»

«On travaille avec un langage différent.» Il faut pouvoir exprimer les choses autrement que par des mots, en utilisant les gestes, le regard, des objets ou encore des images. Savoir rester calme et centrée est aussi un atout. «Enfin, cela demande d’être très au clair sur sa théologie afin de transmettre nos conceptions de manière simple, mais sans simplifcation.»

Eveiller les jeunes

En paroisse, la diacre célèbre les cultes, les services funèbres. Elle voit surtout les aînés et regrette de n’avoir que peu d’occasions d’échanger avec les familles. «Il faudrait développer des pistes avec nos contemporains, pour comprendre leurs attentes.» La diacre donne aussi le catéchisme aux jeunes de 10 à 15 ans. «J’aime entendre leurs questions et éveiller chez eux ce rapport entre l’intériorité et les autres, entre moi et Dieu. Je m’intéresse toujours à ceux qu’on ne voit pas afn de leur permettre d’être plus visibles, mais sans les forcer.»

Sonia Thuégaz ne parle pas forcément tout de suite de Dieu à toutes les personnes qu’elle rencontre. «En ce sens, je ne suis pas très charismatique.» Elle cherche plutôt à laisser la porte ouverte et à voir comment l’autre consent à faire un pas sur le seuil. La ministre ne se sent pas non plus porteuse de projets et préfère le travail en équipe. Ce qui lui importe, c’est d’abord de rencontrer les gens et de travailler avec eux.