Barbara Weiss: une vie de communauté

Barbara Weiss / © P. Bohrer
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Barbara Weiss
© P. Bohrer

Barbara Weiss: une vie de communauté

Ensemble
Membre de Don Camillo, Barbara Weiss s’engage pour développer une communauté en pleine évolution. Parmi les défis: gestion du site de Montmirail (NE), renouvellement des membres et cohésion.

Si lorsqu’on vous dit «Don Camillo» vous pensez aux films de Fernandel, adaptés de l’oeuvre de l’écrivain Giovanni Guareschi, la référence est voulue! Comme le curé emblématique, les membres de la communauté sont également pleins d’humour, énergiques et dévoués. Née de la volonté de deux frères et d’un de leurs amis dans les années septante à Bâle, cette communauté s’est engagée à cheminer ensemble; des temps de prière rythment sa journée sur le modèle monastique, les membres partagent leurs revenus. Au départ, alors jeunes étudiants, ils vivent en colocation. En quête d’un lieu qui puisse accueillir leur vision communautaire et plus de personnes, ils apprennent que le domaine de Montmirail est à reprendre. Pour cet ancien internat de jeunes filles, qui appartient à l’Eglise morave (voir encadré), un contrat de droit de superficie a été conclu à condition d’assumer l’entretien et la rénovation des bâtiments. Et il y a à faire… La communauté de Montmirail voit le jour en 1988.

Comme une évidence

Barbara Weiss et sa famille rejoindront l’aventure en 1995. Bâloise de naissance, elle a passé sa jeunesse à Zurich dans une famille «pas forcément croyante». Mais elle est fortement marquée par ses années de catéchisme qui donnent une véritable direction à sa vie. Après un diplôme en économie familiale et quelques années d’enseignement, elle part avec son mari, Werner, durant deux ans à Hawaii, pour du bénévolat avec Jeunesse en Mission et des études de théologie. Leur premier enfant naîtra sur le sol américain. De retour en Suisse, ils sont séduits par le mode de vie proposé à Don Camillo: «C’était comme une évidence pour nous, dans un moment de notre vie où nous cherchions à nous établir quelque part.»

Sur place, Barbara s’engage dans l’accueil des hôtes qui fréquentent la maison. Elle aura deux autres enfants durant ses premières années à Montmirail, qui leur offre un terrain de jeu digne des plus grands films d’aventure. Comme coresponsable de la communauté, elle contribue à faire rayonner l’endroit loin à la ronde, au-delà des personnes engagées dans les Eglises: même le Conseil fédéral y a dernièrement fait escale! De 2016 à 2018, elle s’investira encore dans la levée de fonds destinés à rénover la bâtisse la plus emblématique du domaine, le château.

L’accompagnement spirituel est central

Aujourd’hui responsable de Montmirail, elle ne manque pas de travail: un espace d’accueil de 36 chambres sur 3 étages, des salariés à gérer pour la conciergerie, la cuisine et la réception, un domaine agricole, des chevaux, une dizaine de locataires, un projet avec des civilistes et des bénévoles… Et malgré toutes ces tâches, prendre le temps pour faire de l’accompagnement spirituel. Un ministère qu’elle affectionne particulièrement

En 2007, la communauté Don Camillo s’élargit, avec une nouvelle fondation au centre de Berlin. Puis, en 2020, plusieurs membres, arrivés à l’âge de la retraite, déménagent à Berne, pour une autre forme de vie communautaire rythmée par la prière. Et tout dernièrement, une nouvelle communauté voit encore le jour en ville de Berne: le Stadtkloster Frieden s’affilie à Don Camillo. Mais la communauté reste unie sur la base d’une charte commune: «Des délégués de chaque lieu de vie se retrouvent régulièrement et nous faisons une grande réunion chaque année à Pentecôte afin d’entretenir les liens», explique la responsable.

Notre but n’est pas que Montmirail devienne le home de Don Camillo.

Jeunes familles bienvenues

A Montmirail, pour que le lieu reste vivant, il faut poursuivre le travail débuté il y a trente-six ans. Et il reste encore beaucoup à faire: la réfection d’autres bâtisses ou la maintenance du domaine nécessitent forcément des forces vives. «Notre but n’est pas que Montmirail devienne le home de Don Camillo», plaisante la responsable. Dernièrement, une jeune famille a voulu tenter l’aventure. Après un temps de «stage» de deux ans, elle décidera si elle souhaite rejoindre la communauté. Et les enfants des membres de la communauté, la rejoignent-ils? «L’idée a toujours été de les laisser totalement libres de leur choix: ils n’ont jamais été membres de la communauté. La porte reste toutefois ouverte s’ils le souhaitent», complète Barbara Weiss, heureuse maman d’un vigneron, d’une architecte... et d’un futur pasteur.

www.montmirail.ch

Vocation éthique

Construit sous domination française en 1618 par Abraham Tribolet, officier d’Henri II d’Orléans-Longueville, alors prince de Neuchâtel, le domaine qui sera appelé par la suite Montmirail est constitué d’un château, d’une ferme et d’une grange. Il sert alors de résidence d’été. Après plusieurs ventes, il sera acquis par la famille de Wattenwyl, dont l’un des membres se lie d’amitié avec le comte Nikolaus Ludwig de Zinzendorf. Il est le fondateur de la communauté morave à Herrnhut. En 1742 Montmirail devient la propriété de l’Eglise morave. En 1766, ils fondent une école-internat pour des jeunes filles qui perdura durant 222 ans, l’éducation étant une préoccupation particulière de l’Eglise morave.

Bio express

1968 Naissance à Bâle.

1989 Obtention d’un diplôme en économie familiale.

1989-1993 Enseignante dans le canton de Zurich.

1993-1995 Etudes et bénévolat à Hawaii.

1995-2002 Engagée dans l’accueil, les retraites et les séminaires à Montmirail.

2002-2009 Coresponsable de la communauté à Montmirail.

2012 Diplôme de coach «Contemplation et accompagnement».

2016-2018 gestion de la levée de fonds pour le projet « Château 2018 ».

2018-2024 Responsable de Montmirail.