L’information, clé contre les dérives et les discriminations

L’information, clé contre les dérives et les discriminations / ©iStock
i
L’information, clé contre les dérives et les discriminations
©iStock

L’information, clé contre les dérives et les discriminations

Complexité
Depuis vingt-deux ans, le Centre intercantonal d’information sur les croyances (CIC) de Genève parie sur l’information pour contrer les discriminations religieuses et les dérives éventuelles de groupes religieux.

Dérives et discriminations religieuses sont les deux chevaux de bataille du Centre intercantonal d’information sur les croyances (CIC), fondation privée d’utilité publique créée pour Genève, Vaud et le Tessin. Dans un panorama où la pluralité spirituelle explose – pas moins de 410 communautés uniquement pour le canton de Genève –, l’enjeu de répertorier les mouvements religieux et d’en informer les institutions et le public contribue à préserver «la cohésion sociale et à nourrir un univers intellectuel commun», dixit la mission du CIC.

Dès lors, comment expliquer la complexité d’une religion et d’une culture sans les stigmatiser? Sur ce point, le CIC est clair: en servant une information neutre, scientifique, dans un langage accessible. Ce dernier aspect est essentiel puisque les recherches de la fondation s’adressent à des publics variés. En nombre, cela représente entre 350 et 400 demandes par an. La fondation recense plus de 1000 références régulièrement mises à jour, près de 1400 groupes religieux et spirituels ainsi que plus de 200 thématiques. «Nos dossiers d’informations sur les groupes croisent différentes données issues de la littérature scientifique, des recherches empiriques, des médias, des autorités publiques, d’autres centres d’information et des groupes eux-mêmes», explique Manéli Farahmand, directrice du CIC.

En marge de ces travaux, le centre dresse des cartographies – un recensement sans précédent en Suisse – des lieux de culte et de traditions religieuses pour les cantons de Genève, Vaud, du Tessin et, dans le futur, du Valais. «La cartographie est également un support pédagogique pour les institutions éducatives dans le cadre de l’élaboration des politiques publiques», précise Manéli Farahmand. Toujours dans ce souci d’informer, un dernier volet a vu le jour: la formation Divers-Cités. Elle se destine à un large public souhaitant acquérir des compétences interculturelles et des outils pour interagir dans des contextes de diversité religieuse en Suisse, tout en «se décentrant par rapport à ses propres conceptions, afin d’appréhender au mieux la diversité».

Actualité et politique

La création du Centre intercantonal d’information sur les croyances, en 2002, a fait corps avec l’actualité. Sa naissance a été mue par les craintes ressenties dans la population à la suite des drames de l’Ordre du temple solaire, notamment à Salvan (VS) et Cheiry (FR), en 1994, lors desquels 74 membres de la secte ont perdu la vie. «L’audit sur les dérives sectaires d’un groupe d’experts genevois et une recommandation du Conseil de l’Europe ont participé à la création du CIC», note Manéli Farahmand. Entre 2004 et 2008, une autre vague s’est ensuivie: celle des mouvements thérapeutiques et des guérisseurs, qui ont largement occupé le travail d’information de la fondation. A partir de 2015, l’attentat de Charlie Hebdo a vu l’émergence de l’intégrisme et de la question de la radicalisation.

Evolution toujours, le CIC explore actuellement les questions autour de la religion et de la diversité sexuelle, ou encore la place du religieux dans l’espace urbain, les théories du complot, les nouvelles spiritualités ou les thérapies alternatives.

Comme le confirment les politiques récentes, la prérogative revient aux Cantons de légiférer sur leurs relations avec les collectivités religieuses. A Genève, par exemple, bien que la loi sur la laïcité ait suscité de nombreuses controverses, elle n’en renforce pas moins le principe d’une discussion entre l’Etat et ces communautés. Le Canton de Vaud, quant à lui, accorde la reconnaissance à des communautés religieuses en tant qu’institutions d’intérêt public. «Le modèle de laïcité neuchâtelois est aussi attentif à sa pluralité, malgré l’échec de la loi sur la reconnaissance», relève la directrice du CIC.

i
Manéli Farahmand, directrice du Centre intercantonal d’information sur les croyances (CIC).
©DR