Formation: comment vérifier l'acquisition des savoirs?

Formation: Comment vérifier l'acquisition des savoirs? / ©iStock
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Formation: Comment vérifier l'acquisition des savoirs?
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Formation: comment vérifier l'acquisition des savoirs?

Contrôle
Qu’il s’agisse d’un devoir écrit à la maison, d’un dossier réalisé en groupe ou même d’un examen rédigé à l’université, impossible de s’assurer aujourd’hui à 100% qu’un travail rendu par un élève est totalement sa propre production.

En effet, même les examens sur table peuvent être, selon les facultés, réalisées avec des consignes open book, c’est-à-dire en ayant accès à tout le matériel de cours, voire à internet.

Dans ce cadre, comment évaluer l’acquisition de connaissances d’un candidat? Carine Allaz, experte en cybersécurité et chargée de cours à l’Université de Genève dans le domaine de la sécurité de l’information, a pris les devants: depuis plusieurs mois, elle passe ses questionnaires à choix multiples (QCM) dans ChatGPT. «J’ai beaucoup testé l’outil. Je constate qu’il peut, selon les questions, soit répondre instantanément sans une seule erreur, soit, lorsqu’un terme de l’intitulé est modifié, produire une réponse totalement fausse.» Pour autant, l’enseignante n’estime pas qu’il lui suffira de reformuler ses questions, loin de là. Comme d’autres collègues, elle va probablement cesser d’utiliser les QCM. Mais elle ne croit pas non plus à l’interdiction totale d’utilisation de ChatGPT. «Comme d’autres technologies, ces innovations arrivent, et c’est à nous enseignants de savoir les intégrer!»

Recourir à l’IA pour les examens

L’Université de Genève a d’ailleurs publié en amont un «guide évolutif pour l’intelligence artificielle générative de texte», destiné aux élèves comme au corps enseignant, dont le sous-titre est éloquent: «Une alliée pour l’enseignement à apprivoiser». Pour ce qui est de l’évaluation, le guide va jusqu’à proposer… de s’appuyer sur l’IA au cours d’un examen. «D’une part, car c’est une occasion de former à l’usage des IA et, d’autre part, car cela constitue un moyen d’apprendre par le développement de son esprit critique.» Exemples? «Fournir des productions de ChatGPT et demander aux étudiant•es d’identifier les erreurs ou lacunes, et de contre-proposer une version améliorée, en indiquant les sources scientifiques utilisées», «évaluer l’analyse que font les étudiant•es et la solution apportée», ou encore «demander aux étudiant•es d’exploiter l’IA dans le cadre de leur travail (mémoire, rapport, projet), documenter, critiquer les productions de l’IA, et fournir les améliorations apportées.»

A ce stade, Carine Allaz, comme d’autres enseignants, reste sceptique. Dans sa formation en cours d’emploi, ses étudiant•es sont souvent déjà actifs professionnellement. L’enjeu n’est pas tant de les familiariser avec ChatGPT, mais bien de s’assurer, pour leur attribuer une note et un diplôme, qu’ils ont acquis un nouveau savoir. Le risque de laisser l’IA s’installer sans réflexion approfondie? Que la formation perde toute sa crédibilité. Finalement, l’enseignante pense revenir… à des examens oraux. Une solution d’ailleurs également prévue par le guide de l’Unige. «Mais il faudra allouer plus de temps!» prévoit Carine Allaz. Sans compter que se retrouver jugé•e sur une prestation orale de quelques minutes peut être plus frustrant et stressant que sur un devoir écrit d’une heure…

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Carine Allaz, experte en cybersécurité et chargée de cours à l’Université de Genève dans le domaine de la sécurité de l’information
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