Soutien à la formation en théologie de femmes au Congo

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Soutien à la formation en théologie de femmes au Congo

Solidarité
Une dizaine d’Eglises cantonales ont contribué au financement de la formation théologique de jeunes femmes en vue de la création d’un ministère féminin au sein d’une communauté baptiste au Congo.

Samuel Ngayihembako, président et représentant légal de la Communauté baptiste au centre de l’Afrique (CBCA), souhaite l’ordination des femmes au ministère pastoral. Aujourd’hui, dans cette Église forte de 450 000 membres, elles ont la possibilité d’officier dans les ministères d’évangélisation, les aumôneries des écoles, des hôpitaux et des services publics, mais ne peuvent pas poser des actes spécifiquement pastoraux, tels que la direction de la sainte cène ou la bénédiction d’un mariage. «Il est grand temps! Pour y arriver, il faut à la fois sensibiliser les gens et préparer les femmes à être pasteures», nous déclarait-il au printemps 2018, de passage en Suisse pour quelques semaines.

Le pasteur congolais a étudié de 1984 à 1990 à la Faculté de théologie de l’Université de Genève. Sitôt son doctorat obtenu, il est retourné vivre au Congo, où il a enseigné le Nouveau Testament à Kinshasa puis à Goma, au nord-est du pays, avant d’occuper sa fonction actuelle. Samuel Ngayihembako a ainsi fait part de son projet de formation académique et pastorale de jeunes femmes au Congo à Emmanuel Fuchs , président de l’Église protestante de Genève (EPG) qui l’a lui-même présenté lors de la Conférence des présidents de la Fédération des Églises protestantes de suisse (FEPS, devenue depuis le 1er janvier 2020, Église évangélique réformée de suisse – EERS). Une dizaine d’églises cantonales se sont jointes à l’EPG pour en assurer le financement, à hauteur de 20 000 dollars.

Femmes intéressantes et intéressées

Depuis, une trentaine d’étudiantes de l’Université libre des pays des Grands Lacs (ULPGL), à Goma, ont déjà été soutenues dans leurs études en théologie. «J’ai été très impressionné par ces femmes, modernes, intéressantes et intéressées. Elles nous ont expliqué qu’aucune famille n’acceptait de payer leurs études en théologie, car il n’y a pas d’avenir puisqu’elles n’ont pas la possibilité d’accéder au ministère», explique Emmanuel Fuchs. Le président de l’Église protestante de Genève en a rencontré certaines en juillet, lorsqu’il s’est rendu à Goma pour participer à un séminaire.

La colonisation a imposé le modèle occidental patriarcal

Pour l’heure, malgré la volonté affirmée de Samuel Ngayihembako, des résistances existent encore parmi les quelque 800 pasteurs de la CBCA. Les plus jeunes sont généralement pour, mais ce n’est pas le cas des plus âgés et des moins formés. «Samuel a la conviction que l’avenir du Congo passe par les femmes. Dans le système ancestral du pays, elles avaient la première place et étaient honorées. Leur situation s’est largement péjorée avec la colonisation qui a imposé le modèle occidental patriarcal. Il essaie de faire comprendre que ces réticences sont les reflets d’une culture qui n’est pas la leur», précise Emmanuel Fuchs.

Les ONG ont toutes quitté cette région du Congo où la violence, les difficultés quotidiennes et le virus Ebola rendent la situation particulièrement instable. Les Églises sont, de fait, un partenaire incontournable de la vie sociale. Les écoles, les questions sanitaires, la justice, l’alphabétisation et la formation, notamment, sont portées par les Églises. «Les femmes jouent déjà actuellement un rôle déterminant. En tant que ministres, elles pourraient porter ces projets porteurs d’espoir», conclut Emmanuel Fuchs.