Mais qu’est-ce qui se cache derrière le succès d’Halloween?

Les citrouilles éclairent la nuit d'Halloween. / ©Pixabay
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Les citrouilles éclairent la nuit d'Halloween.
©Pixabay

Mais qu’est-ce qui se cache derrière le succès d’Halloween?

18 octobre 2001
Plus de mille sites consacrés à Halloween répertoriés sur le Net et des armées de sorcières, de fantômes et de citrouilles dans les magasins, histoire de permettre aux gosses de jouer aux magiciens et de se faire peur : Halloween a réussi une formidable percée sur le Vieux Continent

Son aspect commercial ne suffit pas à expliquer son succès. La fête du 31 octobre, d’origine celtique, qui nous revient des Etats-Unis relookée façon Walt Disney, correspond à nos peurs et nos questions face à la mort et l’au-delà . «Parlons-en justement, de la mort!» invite le pasteur Armin Kressmann, attaché au service communautaire Jeunesse de l’Eglise vaudoise. Toussaint? Connais pas! Les jeunes en savent plus long sur Halloween que sur les fêtes chrétiennes. Mais qu’en savent-ils au juste ? Devant le désarroi, la désapprobation et les joyeuses confusions des uns et des autres, Armin Kressmann a cherché les origines de la fête pour pouvoir mieux répondre aux questions fondamentales qu’elle pose.

D’un monde à l’autre

Le Samhain, à l’origine d’Halloween, était la fête celte la plus importante de l’année dédiée à toutes les divinités. Pour les Celtes, sources, bosquets, lieux géographiques sacrés étaient habités par des divinités auxquelles ils rendaient hommage le 1er novembre, lors de la venue de l’hiver et de l’obscurité, porteuse d’angoisse. «On pensait que ce jour correspondait au passage des morts vers une autre réalité. A ce moment-là, les barrières entre le monde d’ici et l’au-delà tombaient et dans ce moment fragile, les esprits pouvaient visiter le monde des vivants, de même que ceux-ci pouvaient pénétrer dans le monde des dieux. C’était une date propice pour la divination, les alliances et les mariages. On faisait des offrandes et des sacrifices - humains ?- pour se protéger et obtenir les faveurs des dieux. C’est à travers les écrits de Jules César, d’Hérodote et des premiers auteurs chrétiens qu’on connaît cette fête. La culture celtique s’est fondue dans la culture romaine.»

Christianiser Halloween

La Toussaint, fête chrétienne, elle a subsisté dans le nord de l’Angleterre, l’Ecosse et l’Irlande jusqu’à l’arrivée des premiers moines qui ont christianisé ces régions. Le christianisme a intégré cette fête et a fait cohabiter croyances chrétiennes, folklore et rites païens dans la Toussaint, fête de tous les saints du calendrier. «Toussaint se disait All Hallows. Le soir qui précédait cette fête était All Hallows (eve)ning. Ce qui a donné Halloween. Ce soir-là, on faisait des cortèges avec des lumignons. Il en subsiste des survivances, notamment en Suisse alémanique, avec le «Räbeli Umzug», des petites lampes qu’on creuse dans des raves», explique le ministre.

Des fantômes qui posent des questions aux vivants

Arrivées dans le nord des Etats-Unis en terre puritaine, avec les immigrants irlandais chassés par les grandes famines, la fête donna l’occasion aux adultes de se défouler en se jouant des farces qui tournèrent parfois au vandalisme. Les baby-boomers, après-guerre, en firent une fête laïque pour les enfants, cadrée et aseptisée façon Walt Disney. Mais restent, sous-jacentes, les peurs et les questions sur la mort qu'elle reflète. «Les questions essentielles, d’ordre spirituel, ne doivent pas être refoulées, conseille Armin Kressmann, sous leurs déguisements, les enfants nous interrogent à propos de ce qui nous échappe, les esprits, la peur, la mort; en fait, ils ne font que se demander, comme les adultes: Que deviendrai-je quand je serai mort ? Il faut chercher des réponses plutôt que d’occulter la mort et de ne s'occuper que des vivants, comme le font les protestants; il faut aussi se souvenir de la promesse que Dieu a faite aux hommes et ne jamais perdre confiance en cette promesse, même dans le deuil et les durs moments de l’existence».