A Noël, offrez altruiste

légende / crédit photo
i
[pas de légende]

A Noël, offrez altruiste

22 décembre 2009
Depuis quelques années, les cadeaux de Noël se déclinent à la mode solidaire. Plusieurs ONG proposent d'offrir des cadeaux sous forme de dons qui financent des projets ou des outils concrets pour leur engagement sur le terrain. L'entraide protestante (EPER) a ainsi relancé sa campagne « Offrir son aide », initiée l'an dernier. Etoffé, son catalogue de cadeaux propose toujours un certificat que le donateur peut offrir à un proche à Noël comme cadeau.

« Des cadeaux qui décoiffent et qui font coup double », annonce l'EPER. Un exemple : parmi la trentaine de possibilités que propose le catalogue, le donateur peut verser 45.- pour payer un Tschukkudu, vélo en bois, transport typique en République démocratique du Congo.

Son geste permettra d'abord à des familles de petits-paysans de transporter leurs récoltes sur des marchés éloignés. Le donateur en question reçoit en contrepartie un certificat attestant de son achat du Tschukkudu, certificat qu'il offrira à l'un de ses proches en lieu et place du traditionnel cadeau. C'est là qu'est le coup double : un cadeau symbolique pour faire d'un proche un donateur, et un cadeau réel pour des personnes dans le besoin.

« Il y avait des attentes, les gens nous ont relancé », indique Delphine Centlivres, responsable de la communication de l'Entraide protestante (EPER). « L'an passé, nous avons eu plus d'un millier de commandes rien qu'en Suisse romande. Cette année, dès la publicité lancée, nous avons constaté une ruée sur les commandes », précise-t-elle.

Une démarche qui se popularise

L'EPER n'est pas la seule ONG à proposer de telles offres, à l'image de l'oeuvre d'entraide Swissaid. Pour l'une comme pour l'autre, la particularité est toutefois de proposer un certificat de donateur, que la personne qui verse de l'argent pourra remettre à un de ses proches en tant que cadeau de Noël.

Dans le même esprit, l'ONG Médecins du monde Suisse invite pour la première fois cette année ses donateurs à « imaginer un Noël solidaire ». Ces derniers ont reçu une lettre les invitant à offrir un « coupon-cadeau » de 20 ou 50 francs à la personne de leur choix. Ils sont également invités à retourner une carte à l'ONG en indiquant à qui les coupons-cadeaux ont été offerts.

Bien qu'elle s'inscrive dans le « trend » du Noël solidaire, cette action reste isolée. « Nous ne sommes pas habitués à ce genre de démarches, souligne Marie Wittwer-Perrin, responsable RH et administration. L'intérêt pour nous est double. Nous voulons sensibiliser nos donateurs sur nos missions, et augmenter notre fichier d'adresses. »

Si l'ONG profite en ce sens de la générosité de l'esprit de Noël, cela reste toutefois clairement orienté sur les objectifs de sa mission. « L'argent récolté est rigoureusement attribué à deux de nos deux missions, en Palestine et au Bénin », précise Marie Wittwer.

Une générosité désintéressée

Les possibilités d'offrir sans recevoir de contrepartie sont quant à elles légion. Des traditionnels Magasins du monde aux petites structures telles que le Centre écologique Albert Schweitzer de Neuchâtel (CEAS), les boutiques de nombreuses ONG proposent des articles équitables et dont les bénéfices servent l'engagement sur le terrain.

A Lausanne, la Fédération vaudoise de coopération (FEDEVACO) et Pôle Sud organisent d'ailleurs depuis trois ans un Marché de Noël solidaire, qui réunit une trentaine d'ONG du genre. Organisée il y a quelques jours, cette vente vise à satisfaire les consommateurs qui veulent éviter la folie des supermarchés.

Les Magasins du monde mènent quant à eux depuis quelques années une campagne de Noël, intitulée « équité au pied du sapin », pour associer « plaisir d'offrir et consommation responsable ». Cette démarche vise à proposer « une alternative à la production et à la consommation de masse ». Une réflexion qui semble faire mouche, puisque le chiffre d'affaire des Magasins du monde change significativement à cette période, selon Caroline Piffaretti, porte-parole de l'ONG.

C'est également sur la critique d'une surconsommation que se fonde l'initiative Les rebelles de Noël, dont le slogan « pour que Noël [re]devienne un événement qui change le monde » ne trompe pas. Lancée cette année en Suisse par un groupement issu d'églises évangéliques, elle est soutenue par Christnet, un forum chrétien qui invite chaque année les citoyens à vivre une journée sans achats le dernier samedi de novembre.

Comme de nombreuses autres démarches, Les rebelles de Noël invitent à consommer autrement, mais appellent également à un autre changement. Sur un ton résolument orienté envers les jeunes, elle les enjoint à vivre Noël dans un esprit plus chrétien, dans tous les sens du terme : « célèbre pleinement, dépense moins, donne plus, aime chacun ».

Une entraide de proximité

L'esprit de charité reste une valeur sûre de manière large en Suisse. Pour celles et ceux que la sphère locale préoccupe en particulier, il y a également toujours les traditionnels Cartons du coeur, soupes populaires et autres initiatives de proximité. Ces associations apportent de l'aide grâce aux dons en nature reçus de la population.

Au niveau suprarégional, l'action « 2 x Noël » propose d'égayer les fêtes des plus démunis. Organisée pour la treizième année consécutive en collaboration entre la Croix-Rouge suisse, La Poste suisse et SRG SSR idée suisse, elle invite la population à faire profiter les plus défavorisés de la surabondance des fêtes. Toute personne intéressée peut déposer gratuitement un colis entre le 24 décembre 2009 et le 9 janvier 2010, ou faire un don sur le site de l'action.

Enfin, ceux qui ne veulent pas priver leurs proches des dernières publications en vogue trouveront aussi moyen d'assouvir leur propre altruisme. La chaîne de librairies Payot propose des minicartes de voeux en papier artisanaux dont la majeure partie du bénéfice revient à l'association Le Don du Livre. Celle-ci organise depuis 1992 la récolte et la redistribution de livres et de matériel scolaire pour les personnes qui n'ont pas ou peu accès à l'écrit aussi bien dans les pays du Tiers-Monde qu'en Europe.

Pierre-Yves MoretDes cadeaux de stars
Pour les personnes à qui la dimension « people » manque, sachez que les stars peuvent aussi faire le bien sur terre. La tendance est particulièrement marquée aux États-Unis, comme le relève le site The Daily Beast.

Pour commencer par les références académiques, l'actrice oscarisée Charlize Theron propose des T-shirts au look vintage (dès 42 dollars), vendus au profit de sa fondation « Charlize Theron Africa Outreach Project ». La moitié des bénéfices finance des unités médicales mobiles luttant contre le SIDA dans des communautés rurales d'Afrique du sud, pays d'origine de l'actrice. Vous pouvez également participer à l'engagement humanitaire très médiatique d'Angelina Jolie et Brad Pitt en achetant des bijoux de la Protector Collection de la joaillerie anglaise Asprey. Créée en partenariat, cette collection limitée vise à financer une association pour les enfants victimes de conflits (Education Partnership For Children of Conflict, EPCC), qu'Angelina Jolie co-préside. La clientèle visée est toutefois sélective, une bague ornée de diamants et d'émeraude dépassant les 500 dollars.

Et pour quelques paillettes de plus...
Le monde du « bling-bling » n'est d'ailleurs pas en reste dans le domaine du marché solidaire. Car les marques de luxe s'engagent elles aussi pour un monde plus juste.
Toujours outre atlantique, Versace vend des sacs décorés de dessins d'enfants, et dont une partie du bénéfice est versée au profit d'enfants déshérités aux États-Unis et en Chine. Gucci prête pour sa part son nom et ses compétences en design à l'UNICEF (Fondation des Nations unies pour l'enfance) pour la cinquième année consécutive. En collaboration avec le directeur artistique du magazine Vanity Fair, ils ont publié une édition limitée d'un livre pour enfants contant les aventures d'un bonhomme de neige en Afrique et d'accessoires. Une partie des bénéfices soutient l'engagement de l'UNICEF en Afrique.