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Rapport sur la rédaction de rapports en Église

Photo de Beatriz Pérez Moya sur Unsplash
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Photo de Beatriz Pérez Moya sur Unsplash

Rapport sur la rédaction de rapports en Église

28 juin 2023

L'Église du Mordant publie un rapport qui révèle que 47% du temps consacré au service de l'Église est dévolu à sa gestion. Ces chiffres génèrent de vives interrogations.

L'Église du Mordant a mandaté l’an dernier une commission pour évaluer le temps passé à faire de la gestion institutionnelle: lecture et rédaction de rapports; conseils, colloques, pastorales, commissions, réunions d’inspections, synodes et parlements.

Les résultats ont été présenté au synode précédent: 47% du temps engagé au service de l'Église est consacré au fait de faire tourner la machine: 42% du temps bénévole, et 59% du temps salarié.

Des chiffres qui interrogent

M. Miéville, président de l'Église, est un peu perplexe sur ces chiffres. “47%, ce n’est pas rien, mais on pourrait faire mieux.” La bonne nouvelle selon lui: la diminution des forces vives engagées, en constante accélération depuis plusieurs années, ne semble pas faire baisser ce nombre. “Non seulement il n’y a pas moins de rapports à écrire s’il y a moins de monde engagé et moins d’activités, mais il y en a même plus: il faut débattre de ces diminutions et de la manière d’y répondre, ce qui génère beaucoup de stimulation.”

Il n’empêche, ce 47% est un gage de qualité incontestable du sérieux de son Église, et il s’en félicite. Il pense toutefois que son Église est meilleure que cela, peut-être même déjà au dessus du 50%, et va donc demander 3 contre-rapports pour le prochain synode: l’un par la commission d’examen interne à l'Église, une deuxième par une agence externe, et un troisième par la commission d’examen pour montrer les failles du deuxième.

Le seul point noir de cet réalité, c’est l’impact écologique. “Les impressions représentent probablement 87% de notre bilan carbone, c’est triste, mais il faut se donner les moyens de la réussite.”

La mission de l'église en question

Pour d’autres, ce nombre est extrêmement inquiétant. “Ce qui se passe est plus important que ce qu’on en dit. La mission de l'Église ne se résume pas à sa gestion interne !”, s’insurge Mme. Mifleur, déléguée au synode. “C’est vrai”, reconnaît Miéville, pour qui il y a effectivement aussi tout le travail opéré par des associations et fondations indépendantes pour la gestion des placements financiers et des bien immobiliers de l'Église. “Mais nous ne pouvons pas tout contrôler, et heureusement que la mission de l'Église nous dépasse, cela nous garde humble.” (M. Miéville se détourne de nous pour prendre un mémo vocal sur son dictaphone: “mettre sur pieds un plan de rapatriement des associations et fondations indépendantes”.)

Au contraire, pour le président, ces rapports incarnent la mission de l'Église: en contrôlant systématiquement ce que les autres font, nous “veillons les uns sur les autres.” La posture qui consiste à repérer et critiquer la moindre imperfection dans les rapports des autres, c’est une application du principe évangélique: “si ton frère a péché, reprends-le.” Au final, pour M. Miéville, “nous mettons en pratique la parole du Christ: ‘Soyez parfaits’ — et nous y sommes à 47%.”