Albert Sifrano, jeune pasteur réformé, passe la barre des cinq premières années de ministère sans avoir fait de burnout, ni quitté l'Église. Il confie avoir eu seulement « quelques idées suicidaires » durant ces dernières années. Un jeune pasteur heureux? Une première dans les Églises réformées francophones.

« Aussi loin que je me souvienne, cela n'était jamais arrivé » confie Hervé Bonnard, responsable de la formation au ministère. « Nous avons vérifié tous ses diplômes, de sa maîtrise en théologie à son certificat de baptême, pour être sûr qu'il n'y ait pas tromperie sur la personne. Nous lui avons même refait passer son évaluation psychologique deux fois. » Les experts sont formels: Albert Sifrano est le premier pasteur à avoir bien vécu ses cinq premières années de ministère.

Le secret de la réussite

Son secret? Une série de commandements qu'il a écrit sur la première page de sa Bible. Ne jamais contrarier un paroissien. Se soumettre à sa hiérarchie pour les assurer de sa loyauté. Faire sentir à ses collègues proches de la retraite qu'ils sont « très très importants » et accepter de « tout faire comme eux ». Bref, ne rien chercher à changer, ne pas faire de vagues, et faire toujours plus de la même chose.

Un chemin pas tout simple

« Ce n'est pas tous les jours facile » reconnaît le ministre de l'Évangile, qui a dû faire des aménagements dans sa vie pour avoir assez de temps pour la paroisse. « Nous sommes de moins en moins à servir, mais les habitués ne veulent pas changer leurs habitudes. » Et comme « le client est roi » — d'où le titre de Jésus de « Roi des rois » — le jeune pasteur se résigne à vivre exclusivement pour sa paroisse. Renoncer à fonder une famille est « plus facile quand on a plus vu ses amis depuis 2 ans. »

La vocation redéfinie

Et sa vocation là-dedans? « En renonçant à ma vie sociale, à mes aspirations personnelles et à la Parole tranchante, je me sens proche du Christ sur la Croix. J’attends patiemment de me sentir proche du Christ Ressuscité. Cela me sera peut-être donné une fois avant ma retraite », nous répond le pasteur Sifrano avec un clin d'œil.