Un nouvel espace où l'accueil se vit «comme à la maison»

Depuis février dernier, la Maison des solidarités de l'Église réformée vaudoise ouvre grand ses portes trois après-midi par semaine / DR
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Depuis février dernier, la Maison des solidarités de l'Église réformée vaudoise ouvre grand ses portes trois après-midi par semaine
DR

Un nouvel espace où l'accueil se vit «comme à la maison»

Camille Besse
4 avril 2023
Depuis février dernier, la Maison des solidarités de l'Église réformée vaudoise ouvre grand ses portes trois après-midi par semaine. Au programme, jeux, atelier, et discussions animées…

Les premières fleurs des Jardins Divers ornent pour l'heure uniquement les grandes baies vitrées donnant sur l'Avenue de Tivoli à Lausanne. Une réalisation colorée des bénévoles de la nouvelle Maison des solidarités de l'Église évangélique réformée vaudoise (EERV) qui attire l'œil. «Nous aimerions être encore plus visibles: installer des banderoles dehors pour être plus facilement trouvés», détaille Monika Bovier, diacre suffragante.

La nouvelle diacre suffragante de l'EERV est responsable de l'accueil, ce jeudi après-midi. Avec sa collègue Liliane Rudaz et le soutien d'une quinzaine de bénévoles, elle veille à la gestion du lieu: «Depuis l’ouverture, c’est la course.»

Accueil au poil

L’équipe peut aussi compter sur la présence plus touffue de Tahïko, le «chien diacre» de Monika Bovier. Appliqué dans son rôle, celui-ci salue chaleureusement chaque nouveau visiteur. «Il ne m’accompagne pas systématiquement, mais certains viennent surtout pour le voir et je ne veux pas les décevoir», s’amuse sa maîtresse. 

Le lieu n'a ouvert que récemment, mais quelques habitudes sont, elles, bien en place. L'accueil de l'après-midi se déroule dans la grande salle du rez-de-chaussée. Canapés, jeux de fléchettes et la présence de nombreuses plantes vertes rendent l'endroit confortable. Aux côtés des thermos de thé et de café, le jeune berger australien a même droit à sa propre boîte à friandises. «Pas plus d'une par personne», surveille Monika Bovier.

Dans la grande salle du rez-de-chaussée, confortablement aménagée, Sabrina Coretti sert des thés et cafés. «Je trouve l'idée de cet endroit formidable! Ceux qui en ont besoin bénéficient ainsi d'un vrai lieu de repos», s'enthousiasme-t-elle et confie ne pas avoir beaucoup hésité avant de rejoindre la quinzaine de bénévoles qui œuvrent aux Jardins Divers.

La salle utilisée pour ces moments est partagée avec l'accueil parascolaire de la ville. Ses murs servent aussi à une exposition photo qui s'étend jusque dans l'espace du temple. Un lieu également mis à disposition d'autres confessions, car ici chacun est le bienvenu. «Le fait qu'il n'y ait pas de murs pour séparer l'espace de vie de celui du temple va bien entendu favoriser des discussions ou des réflexions spirituelles, mais toutes les croyances sont respectées», assure Monika Bovier, qui rêverait «pouvoir un jour remplacer les bancs en bois avec des canapés».

La diacre n'est d'ailleurs pas à court d'idées pour aménager les lieux. Elle prévoit aussi d'ouvrir un espace de coworking sur la galerie où se trouve l'orgue, et d'y installer un poste d'ordinateur en libre-service. A l'étage inférieur, une enfilade de salles sont également mises gratuitement à disposition de collectifs ou d'associations.

Gratuit pour tous

Le petit groupe encore clairsemé en ce milieu d'après-midi se réunit autour d'une même table. Parmi eux, Marilou Rytz est venue proposer un atelier d'écriture. Écrivaine, mais aussi assistante sociale, elle prend naturellement part aux discussions. A ses côtés, Pasquale Divoleo. S’il œuvre aussi bénévolement au sein de la maison, il est aujourd’hui venu comme simple visiteur, avec une question en tête: «Comment accompagner un jeune couple de confession mixte, l’un catholique, l’autre protestant en vue de leur mariage?» Les discussions sont animées. «C'est cool de pouvoir échanger avec des gens ouverts», relève-t-il avant de préciser: «Aujourd'hui c'est calme, mais hier les gens ne voulaient plus partir.» «Nous accueillons jusqu'à une vingtaine de personnes par après-midi. Pour le moment ce sont surtout des population précarisées, mais nous sommes ouverts à tous les profils», complète Monika Bovier.

Tous s'interrompent pour saluer l'arrivée d'Emile Simon. Du haut de ses 88 ans, il n'a d'yeux que pour son ami à quatre pattes, qui le lui rend bien. «Pour garder la forme, c'est important de voyager et quand on est seul comme moi, c'est mieux de venir ici plutôt que de jeter des pierres aux poules», s'amuse-t-il. Plus discrète, Romina Montemarano est venue sur le conseils d’amis, «pour faire de nouvelles rencontres».

Ateliers à la carte

Le temps file. Marilou Rytz demande aux personnes présentes si elles veulent débuter l'atelier? Le succès est mitigé. «Nous avons vraiment fait le choix de ne rien figer dans le béton pour nous adapter aux besoins. Au début nous avions tout un programme d'animations, désormais on privilégie la souplesse pour rester à l'écoute des envies», explique Monika Bovier. D'ailleurs, certaines personnes passent simplement en coup de vent, juste pour un café, ou pour profiter des aliments à disposition gratuitement dans le frigo de l'entrée.

Car l'une des particularités des Jardins Divers est qu'ils se laissent volontiers modeler par leurs visiteurs, à l’instar des nouveaux horaires d'accueil, dès le mois prochain, suite à certains échanges: «En plus de son côté spirituel, le fait que la maison ait ce fonctionnement collectif est peut-être aussi ce qui nous distingue des maisons de quartier de la ville», formule encore la diacre.

De son côté, Marilou Rytz n'est pas déçue. Elle reviendra prochainement avec une nouvelle forme d'atelier: «C'était de chouettes rencontres. J'avais préparé quelque chose de très cadré que je vais pouvoir adapter». Et peut-être aider ceux qui le demandent à écrire des documents administratifs ou des lettres? L'écrivaine se dit complètement ouverte. C'est la seule règle de la maison.